Netflix : l'industrie sud-coréenne s'en prend aussi à la plateforme

Netflix : l'industrie sud-coréenne s'en prend aussi à la plateforme

Après Hollywood, c'est l'industrie sud-coréenne qui pourrait demander des comptes à Netflix et réclamer une revalorisation des salaires pour les acteurs du pays.

La Corée du Sud lance un appel (sans réponse) à Netflix

Décidément, Netflix est au centre de l'attention en ce moment, et pas pour de bonnes raisons. Alors que scénaristes et acteurs sont actuellement en grève à Hollywood, le géant du streaming est l'un des principaux visés. En effet, les différents syndicats estiment que la plateforme devrait revoir ses rémunérations et ils réclament donc une hausse des salaires. Mais il n'y a pas qu'aux Etats-Unis que l'industrie gronde.

Jeon Do-yeon - Kill Bok-soon ©Netflix
Jeon Do-yeon - Kill Bok-soon ©Netflix

La Corée du Sud semble prête à prendre exemple sur les Etats-Unis, comme l'indique le Los Angeles Times. D'après l'article, la Korea Broadcasting Actors Union (KBAU, le syndicat des acteurs coréens) souhaiterait entamer de sérieuses discussions à ce sujet. Mais le plus troublant est que, d'après Song Chang-gon, le président du syndicat, Netflix n'a tout simplement pas répondu à ses appels.

Le numéro de téléphone de son bureau en Corée du Sud ne figurait pas sur les sites web habituels, mais plusieurs mois auparavant, Song s'était renseigné pour obtenir le numéro personnel d'un cadre de Netflix Corée. Mécontent du fait que l'entreprise ne payait pas de droits résiduels à ses acteurs sud-coréens - une forme de redevance versée aux talents crédités lorsqu'une émission est réutilisée après la première diffusion -, il avait passé plusieurs appels et envoyé des SMS.

Une situation qui paraît improbable et qui ferait presque rire s'il s'agissait d'une comédie de fiction. Mais il s'agit de la réalité et un porte-parole de Netflix aurait refusé d'indiquer au Los Angeles Times si l'entreprise allait rencontrer le syndicat.

Des salaires et des conditions de travail à revoir

La situation est d'autant plus préoccupante que le marché sud-coréen a explosé à l'international grâce à Netflix. Mais que ces contenus sont également des succès qui profitent grandement à la plateforme. Une série comme Squid Game a été un énorme carton, sans pour autant rapporter grand chose à son auteur. Et régulièrement des films et des séries se retrouvent parmi les programmes les plus vus de Netflix.

Kim Ju-ho, secrétaire général de l'association des droits en Corée du Sud, a expliqué que l'arrivée de Netflix sur le territoire en 2016 s'était faite sous certaines conditions. La question des droits résiduels devait se poser en cas de succès de Netflix dans le pays. Ce qui est évidemment le cas aujourd'hui.

Netflix a gagné beaucoup d'argent grâce aux contenus sud-coréens. Il est maintenant temps de se rencontrer.

Cependant, le média américain précise que "grâce à son modèle d'externalisation, Netflix n'est pas légalement considéré comme un employeur en Corée du Sud et n'a pas à négocier avec les syndicats". Pourtant, le service de streaming a annoncé récemment qu'il allait investir encore 2,5 milliards de dollars dans des programmes coréens pour les prochaines années. Ce qui n'empêche pas le président du syndicat de pointer un problème dans la répartition des budgets.

Le problème est que les gros budgets des productions Netflix ne sont pas répartis de manière égale. La majeure partie de cet argent va aux stars ou aux scénaristes de renom. Pour la majorité des acteurs secondaires, les salaires ont stagné ou carrément diminué.

Vers une grève mondiale ?

Des salaires diminués notamment à cause des conditions de tournage. Sur des séries, certains épisodes mettent plus de temps à être tournés mais sans augmenter les salaires en conséquences, ce qui équivaut à plusieurs jours de travail non rémunéré.

La question de l'utilisation de l'intelligence artificielle se pose également pour les productions sud-coréennes. Et pour toutes ces raisons, le président du syndicat espère pouvoir former une sorte de coalition avec les syndicats des autres pays.

Il y a sans aucun doute un terrain d'entente qui peut être trouvé entre nous et SAG-AFTRA (le syndicat américain). Il serait utile que des organisations similaires représentant des acteurs du monde entier s'engagent les unes avec les autres, pour développer une forme de solidarité. Je pense que c'est important.