Le réalisateur Yann Gozlan donne ses explications sur la fin de son film "Visions", porté par Diane Kruger, Marta Nieto et Mathieu Kassovitz. Attention, cet article contient évidemment des SPOILERS.
Diane Kruger en plein thriller cauchemardesque dans Visions
Après le succès de Boîte noire, Yann Gozlan est resté dans le genre du thriller et l'univers de l'aéronautique avec Visions. On y suit Estelle, une pilote de ligne interprétée par Diane Kruger. Une femme dans le contrôle à tous les niveaux. Que ce soit dans son alimentation, ses heures de sommeil ou ses rapports sexuels avec son mari Guillaume (Mathieu Kassovitz) dans le but d'avoir un enfant. Cette routine est alors bousculée par l'arrivée d'Ana (Marta Nieto), son ancien amour, qu'elle croise un jour dans un aéroport.
Estelle revoit alors Ana et entame une liaison avec elle. Régulièrement, elle se rend dans la maison où elle loge, au bord de la mer. Jusqu'au jour où Ana ne lui donne plus de nouvelles, arrête de répondre à ses messages avant de disparaître. Estelle devient alors de plus en plus paranoïaque. Perturbée par des rêves qui pourraient être prémonitoires, elle en vient à soupçonner son mari...
Déjà avec Boîte noire, Yann Gozlan jouait avec les codes du thriller paranoïaque en ouvrant la porte à une certaine forme de fantastique. Mais le rationnel reprenait le dessus avec les révélations finales. Dans Visions, le cinéaste va encore plus loin. Son souhait étant de faire quelque chose de très sensoriel, comme il nous l'expliquait en interview. Une manière également de pousser son œuvre vers une part irrationnelle symbolisée par la dernière scène du film.
Les explications de Yann Gozlan sur la fin
En effet, à la fin du film, on apprend qu'Estelle est en réalité responsable de la disparition d'Ana. Dans un moment de rage, elle la frappe et la tue. Elle appelle alors son mari qui se charge, avec son frère, de faire disparaitre le corps. Et pour qu'Estelle ne sombre pas dans la culpabilité, il lui injecte un médicament pour lui faire oublier cette nuit.
Estelle finit néanmoins par se souvenir de tout. Et après un accident, elle retourne près des lieux du crime. Accompagnée de Guillaume, et assise sur un fauteuil roulant, elle regarde vers la plage. Elle se voit alors dans une reproduction d'une des premières scènes du film. La Estelle sur la plage remarque à nouveau ce duo, avec un homme et une personne en fauteuil qui donc n'était autre qu'elle-même.
La séquence a de quoi perturber le spectateur, car elle sous-entend une forme de boucle temporelle. Une hypothèse totalement assumée par Yann Gozlan qui expliquait :
À la fin, même si des choses sont résolues, quelque part l'irrationnel a totalement contaminé le réel, à tel point qu'on se retrouve dans une espèce de boucle, où rêve et réalité se confondent.
Le cinéaste met en avant l'utilisation des rêves d'Estelle, tantôt prémonitoires, tantôt souvenirs du passé et qui, au final, deviennent la réalité d'Estelle. Il s'agit donc d'une boucle, mais Yann Gozlan y voit également un moyen de montrer que son héroïne, même en sachant ce qui va arriver, referait les mêmes erreurs.
On peut voir ce final comme une boucle. Mais aussi, de manière plus simple et réaliste, on peut se dire que l'héroïne, après ce qu'elle a traversé, peut se remémorer ce qui s'est passé et, malgré tout ce qu'elle a traversé, je crois qu'elle y retournerait. Même si ça lui fait du mal. Mais j'insiste sur le fait qu'il y a une part irrationnelle.