Le réalisateur et critique de cinéma, André S. Labarthe, est décédé lundi matin à l'âge de 86 ans, laissant derrière lui une oeuvre composée des séries documentaires culte "Cinéastes de notre temps" puis "Cinéma, de notre temps", a annoncé la Cinémathèque française.
C'est en aimant et en donnant à admirer les oeuvres des autres qu'André aura construit la sienne. La Cinémathèque française perd un ami de toujours et le cinéma, un allié fidèle et sûr, l'un de ses meilleurs serviteurs.
Indique l'institution dans un communiqué.
Cahiers du cinéma et ORTF
Compagnon de route des Cahiers du cinéma depuis les années 50, André S. Labarthe créé en 1964 la série "Cinéastes de notre temps" avec Janine Bazin, la veuve du critique de cinéma André Bazin.
Ces portraits de metteurs en scène sont diffusés sur l'ORTF. Le principe est de "commander à des cinéastes des films sur d'autres cinéastes", indique la Cinémathèque française, avec "certains titres (qui) sont devenus des classiques, par exemple le dialogue Fritz Lang/Jean-Luc Godard".
Documentaires sur des artistes
Après un arrêt de la série au début des années 70, André S. Labarthe réalise des documentaires sur d'autres artistes : des écrivains, des peintres (Van Gogh, Kandinsky), des danseurs (Forsythe)...
La série sur les cinéastes sera ensuite relancée sous le nom de "Cinéma de notre temps" en 1988, produite et diffusée par Arte. Elle compte au total une centaine de portraits.
"Plusieurs générations ont grandi avec la télévision. Elles ont grandi en même temps avec 'Cinéastes' et 'Cinéma, de notre temps' ", parfois sans le savoir", soulignait le centre Pompidou, qui a projeté en 2011 l'ensemble des portraits (Buñuel, Cronenberg, Renoir, Scorsese, Kitano...)
"Parmi les membres de l'équipe historique des Cahiers du cinéma, André S. Labarthe se distinguait par l'originalité de ses goûts, très influencés par le surréalisme au sein d'une revue qui y était plus que rétive, et il était capable de repérer le talent d'une Shirley Clarke ou celui d'un John Cassavetes (son jumeau américain), dont il fut l'inlassable propagateur", souligne encore la Cinémathèque.
Les Cahiers du cinéma prévoient un hommage à André S. Labarthe dans leur prochain numéro.
Le Centre national du cinéma (CNC) a salué la mémoire d'un "philosophe qui envisageait le cinéma comme l'art de la réalité, il n'a eu de cesse de défendre l'exigence du septième art".