Pour Ethan Hawke "Logan" n'est pas un grand film

Pour Ethan Hawke "Logan" n'est pas un grand film

Alors qu'il n'avait rien demandé, "Logan" en prend pour son grade dans une récente interview d'Ethan Hawke, qui plus largement vise une industrie obsédée par le gain.

Sentiments partagés d’Ethan Hawke. Dans une longue interview donnée à The Film Stage, l’acteur scénariste et producteur américain de 47 ans se livre sur sa carrière, ce qu’il pense de l’industrie du cinéma et de sa place dedans. Entre des références à Sydney Lumet ou à Richard Linklater, qui l'a dirigé dans la trilogie Before, on apprend qu’il pense que Logan n’est pas un "great movie". Posant sèchement là que ce n’est ni Bresson, ni Bergman. Evidemment, une telle comparaison est absurde et nappée de mauvaise foi.

En effet, le héros de Gattaca et de Training Day n’est pas sans ignorer que Logan a réjoui une très large partie de la critique. Et qu'il a porté bien au-delà du public habituel des films de super-héros. Alors, plutôt que la qualité du film, serait-ce une petite frustration d’Ethan Hawke vis-à-vis d'une certaine popularité ? Ou autre chose ?

Il y a ce souci : on nous dit que Logan est un grand film. Oui, c’est un grand film de super-héros. Mais ça parle de gens en collants avec du métal qui leur sort des mains. Ce n’est pas Bresson, ce n’est pas Bergman. (…) Il y a une différence, mais l’industrie ne le pense pas. Elle veut faire croire que c’en est un parce qu’elle veut faire de l’argent avec.

Photo : Amy Sussman/REX/Shutterstock

La charge d'Ethan Hawke contre Hollywood

Les mots font leur effet, et la condescendance vis-à-vis du genre va sans doute révolter quelques fans. Mais en réalité, Logan semble payer pour beaucoup de grosses productions dans les mots d’Ethan Hawke. Lui, qui s’est construit une carrière de plus de trente ans dans un registre essentiellement réaliste et indépendant voit d’un très mauvais œil la production et la promotion massive de films destinés seulement à rapporter de l'argent. Un environnement dans lequel, selon lui, se noient les premiers films et les petites productions, et dont il veut dénoncer la "stupidité".

A Locarno, Ethan Hawke cible donc les grands studios et la cérémonie des Oscars, et leur obsession de l’argent. Un vaste sujet et un réel débat où les arguments de l’acteur peuvent sans doute porter, mais qu’il a apparemment choisi d’aborder par une critique légèrement mesquine.