Canneséries 2019 : Studio Tarara et les zombies envahissent la Russie

Canneséries 2019 : Studio Tarara et les zombies envahissent la Russie

La Belgique sévit pour la seconde fois dans cette édition 2019 de CanneSéries avec, cette fois, "Studio Tarara" sur un programme télé-humoristique durant les années 90. Dans un tout autre registre, "The Outbreak" a confronté la Russie à l'émergence d'un virus transformant les gens en zombies.

Toutes les nations sont susceptibles d'être exposées à un virus d'origine inconnue. Pas de chance, cette fois c'est la Russie qui ramasse. Les zombies n'ont pas de frontière et The Outbreak débute à Moscou à la veille de l'effondrement de la ville. Quelques cas étranges commencent à se déclarer, les informations en parlent. Puis le mal se répand, l'armée prend les mesures nécessaires. Sergueï doit veiller sur son fils, autiste, et doit mettre de côté les rancœurs envers son ex-femme pour survivre. Avec d'autres survivants, ils vont former un petit groupe qui se battra avec ses armes. Le cadre austère et glacial de la Russie est la seule petite touche d'originalité de cette série qui va montrer avec son pilote qu'elle ne déborde pas de grandes idées pour réinventer la figure du zombie. Après tout, ce n'est pas la première qui le fait, et encore moins la dernière. Le premier épisode, le seul que nous avons pu voir, est une mise en place de la situation. Ne se contenter que de ce morceau est assez frustrant car les zombies ne sont pas au rendez-vous, les séquences horrifiques très restreintes et les personnages que l'on doit suivre ne provoquent aucune empathie. Mention spéciale à Sergei, tête à claques de premier ordre.

Dans l'hypothèse où la série s'améliore dans la caractérisation de ses personnages, elle devra se débarrasser de ses gros effets formels gratuits pour pleinement susciter quelque chose. En permanente recherche de style, elle sollicite beaucoup de mouvements d'appareil fluides mais se perd dans des touches de sophistications inutiles, comme ces plans à la GoPro dont la laideur esthétique ne sert à rien, ou cette emphase pour appuyer sur le désespoir de la situation. La première scène, qui évoque grossièrement la virtuosité picturale de The Revenant était déjà un gros indice pour nous avertir du caractère bébête et pâteux de ce qui nous attendait par la suite. On le répète, ce n'est qu'un pilote, et la suite peut arranger les choses - ce n'est pas rare dans une série. Mais ce premier aperçu ne nous a satisfait que maigrement.

Dans les backstages du Studio Tarara

Changement d'ambiance pour la suite. Direction les années 1990 dans les coulisses de l'émission à sketchs Studio Tarara. Seconde série belge en compétition à CanneSéries, elle n'a rien à voir avec la première proposition, The Twelve, dont nous vous parlions hier. La caméra infiltre les backstages de ce show populaire et va nous faire voir les acteurs sous un autre jour. Si l'on suit plusieurs personnages, des acteurs à la productrice en passant par les secondes mains (costumières, chauffeur de salle, assistant réalisateur), c'est en particulier sur la star Ricky que le scénario s'attarde. La célébrité n'a pas que des bonnes répercussions sur lui puisqu'il a développé un sérieux penchant pour l'alcool. Le jour où il est retrouvé en plein coma éthylique à la suite d'une fête, il va reconsidérer sa place dans le Studio Tarara. Débute ainsi une crise existentielle. La troupe va surtout être confrontée à un suicide qui va la placer au centre d'une enquête policière et médiatique.

Cette création de Tim Van Aelst est LA meilleure surprise de ce festival. La séduisante ambiance rétro fait une belle toile de fond pour servir un panel de situations variées. C'est évidemment les personnages qui lui permettent de remporter la mise, et en particulier Ricky (génial Koen De Graeve), dont les questionnements sur sa vie contrebalancent avec l'humour provoqués par les autres larrons. C'est donc drôle, pas mal touchant, rythmé comme il se doit et très minutieux dans la description des coulisses. Sans que le scénario n'appuie trop dessus, on y cause égalité de sexes, harcèlement, gestion de la célébrité. Des thèmes qui trouvent un écho particulier à notre époque. Nous n'avons pu voir que les deux premiers épisodes. Insuffisant pour évoquer l'impact du suicide sur le Studio car celui-ci n'arrive qu'à la fin du second épisode. Mais si tout le reste est du même acabit, on aimerait bien qu'un diffuseur français s'intéresse à son cas pour le rendre visible chez nous. On espère le retrouver au palmarès de cette seconde édition de CanneSéries.