La série "Lupin" avec Omar Sy cartonne sur Netflix. Le premier épisode met en scène un bijou baptisé "le collier de la Reine" que est au centre du récit. Mais connaissez-vous sa véritable histoire ? On vous explique tout.
Lupin : le nouveau carton signé Netflix
Disponible sur Netflix depuis le 8 janvier dernier, la série Lupin (qui cartonne partout dans le monde) met en scène Omar Sy dans la peau d'Assane Diop, un homme qui s'inspire d'Arsène Lupin pour venger la mort de son père, accusé à tort d'un vol, 25 ans auparavant, qui l'a conduit à se suicider.
Son parcours est étroitement lié au mystérieux collier de la Reine, un bijou d'une valeur inestimable, jadis porté par Marie-Antoinette, qu'il vole durant le premier épisode. Mais connaissez-vous sa véritable histoire, tout autant rocambolesque ?
Le collier de la Reine : Marie-Antoinette n'en voulait pas
Contrairement à ce qui est expliqué dans Lupin, le collier de la Reine (qui était d'ailleurs différent visuellement de celui de la série) n'a jamais été porté par Marie-Antoinette. Il a été fabriqué par deux joailliers allemands, à la demande de Louis XV en 1772, qui souhaitait l'offrir en cadeau à Madame du Barry, sa favorite. La confection du bijou de 2840 carats prend des années, et le Roi meurt avant qu'ils ne l'aient terminé. Endettés, les deux joailliers décident alors de le proposer à Marie-Antoinette en 1778 pour la somme de 1 600 000 livres (à l'époque l'équivalent de quatre châteaux), mais cette dernière refuse (le collier n'étant pas à son goût) malgré l'insistance des deux hommes.
Le coup du siècle
Quelques années plus tard, une certaine Jeanne de Valois-Saint Rémy, surnommée la Comtesse de la Motte-Valois, entreprend le coup du siècle.
Cette manipulatrice hors-pair qui n'en est pas à son coup d'essai parvient en effet à se mêler à la Cour de Louis XVI en faisant croire au cardinal de Rohan qu'elle est une amie intime de Marie-Antoinette (son amant, faussaire émérite, produisait des fausses lettres signées de la main de la Reine pour le prouver). Elle devient alors la messagère de la (fausse) correspondance entre Marie-Antoinette et le cardinal (qui tente un retour en grâce auprès de la souveraine après des années de brouille) et parvient ainsi à gagner la confiance de ce dernier. Grâce à cette manipulation, elle parvient à lui soutirer beaucoup d'argent, au nom de la Reine. Mais elle va aller encore plus loin.
Rendez-vous galant
Le 11 août 1784, elle convainc une prostituée exerçant au Palais-Royal et qui ressemble beaucoup à Marie-Antoinette de se faire passer pour cette dernière afin d'arnaquer le cardinal.
Ce dernier, pensant à une rencontre avec la Reine, se rend à onze heures du soir au bosquet de Vénus dans le jardin du château de Versailles. Là-bas l'attend la prostituée, déguisée en Marie-Antoinette, avec le visage à moitié masqué d'une gaze noire. Elle l'accueille chaleureusement et lui murmure que le passé sera oublié. Le cardinal est définitivement conquis, et sa confiance en la comtesse devient totale.
L'achat du collier de la Reine
C'est comme cela qu'en décembre 1784, se présentant toujours comme une amie de la Reine, elle rencontre les deux joailliers qui lui montrent le collier. Elle leur dit qu'elle va une nouvelle fois tenter de convaincre Marie-Antoinette de l'acheter, mais que cette dernière ne pourra pas le faire directement. En janvier 1785, le cardinal de Rohan reçoit une nouvelle (fausse) lettre de la Reine, qui lui demande de lui acheter le bijou (déclarant qu'elle ne peut pas le faire ouvertement) et lui promet de le rembourser en plusieurs versements étalés dans le temps.
Ce dernier, qui ne fonce d'abord pas tête baissée, consulte un médium (qui a évidemment été acheté par la comtesse) qui lui confie que cette affaire aura des conséquences plus que positives sur sa carrière, et qu'il pourra réintégrer la cour du Roi, et même devenir premier ministre. Le 1er février 1785, le cardinal achète le bijou (en versant un premier acompte), qu'il va porter à la comtesse de La Motte le soir même. Elle le transmet à un prétendu valet, chargé de l'emmener à la Reine.
Immédiatement, le mari de la comtesse et l'homme qui s'était fait passer pour le valet dessertissent les diamants et commencent à les revendre. Les derniers sont vendus à Londres.
L'affaire éclate
Se rendant compte que la Reine ne porte pas le collier, et que la première échéance arrive, l'un des deux joailliers se rend directement chez la première femme de chambre de Marie-Antoinette et évoque l'affaire avec elle. Cette dernière tombe des nues et informe immédiatement la Reine qui charge le baron de Breteuil (qui déteste le cardinal de Rohan) de tirer cette affaire au clair.
La comtesse, sentant le vent tourner, informe les joailliers que la signature de Marie-Antoinette est une fausse, pour faire pression sur le cardinal de Rohan, et ainsi l'obliger à payer la facture lui-même pour échapper au futur scandale qui s'annonce. Mais l'affaire éclate, et le cardinal est convoqué le 15 août 1785 auprès du Roi et de la Reine pour s'expliquer. Il est emprisonné à la Bastille. La comtesse de la Motte est quant à elle arrêtée, et son mari s'enfuit à Londres avec les derniers diamants (tandis que le faux valet parvient à rallier la Suisse).
Les prémices de La Révolution ?
Au terme d'un procès chaotique, qui aura fait jaser l'opinion publique et déchaîné la presse, le cardinal est reconnu innocent du vol du collier, et la comtesse de La Motte coupable, et condamnée à la prison à perpétuité.
Mais Marie-Antoinette se sent humiliée par cette décision car le tribunal n'a pas retenu le crime de lèse-majesté envers le cardinal : que ce dernier ait pu croire qu'elle était capable de lui envoyer des mots doux et de lui proposer des rendez-vous galants, en plus de lui faire acheter des bijoux hors de prix. Et que donc de telles frasques n'auraient rien eu d'invraisemblable. Dans l'opinion populaire, c'est comme cela que le jugement fut reçu.
Les historiens s'accordent pour dire que l'affaire du collier a précipité l'entrée de la France dans la Révolution quatre ans plus tard, car le peuple n'a jamais cru à l'innocence de la Reine dans cette histoire.
De plus, la comtesse de La Motte, qui a nié toute implication, est parvenue à s'évader de prison, et à rejoindre Londres, d'où elle a écrit un récit dans lequel elle raconte la complicité de Marie-Antoinette dans cette affaire.
Un vrai tour de passe-passe !
Si vous voulez aller plus loin, vous pouvez retrouver l'affaire expliquée en vidéo :