Fury : quand un historien et un vétéran pointaient les incohérences du film

Le film trop éloigné de la réalité ?

Fury : quand un historien et un vétéran pointaient les incohérences du film

Le film "Fury" de David Ayer a beau être inspiré de faits réels, les éléments présents dans le film ont fait grincer des dents plusieurs personnes, dont certaines avaient vraiment vécu l'enfer de la guerre.

Fury : un gros succès critique

En 2014, le cinéaste David Ayer signe certainement son meilleur film : Fury. Porté par Brad Pitt et Shia LaBeouf, le long-métrage raconte comment un petit régiment de l’armée américaine se lance dans une mission périlleuse en 1945. Le sergent Wardaddy et ses quatre soldats infiltrent les lignes ennemies à bord d’un tank Sherman. Fury a rencontré un énorme succès auprès des spectateurs qui le considèrent comme l’un des meilleurs films de guerre de ces dernières années. Côté box-office, Fury a rapporté plus de 211 millions de dollars de recettes (pour un budget de 68 millions).

Fury
Fury ©Columbia Pictures / Sony Pictures

Sur le tournage, Shia LaBeouf, qui voulait rentrer totalement dans son personnage, a fait vivre un véritable enfer à Brad Pitt.

L'histoire vraie derrière le film

Avec comme cadre les dernières heures de la Seconde Guerre mondiale, Fury s’inspire d’une histoire vraie. Celle de l’assaut d’un commando américain contre l’armée allemande, installé à bord d’un tank militaire surnommé Fury. Le tank du long-métrage est issu d'un véritable véhicule : le M4 Sherman. Un char d’assaut américain produit en grande quantité pendant la Seconde Guerre mondiale.

Brad Pitt et le studio de production QED International ont par ailleurs organisé une rencontre entre les acteurs de Fury et des vétérans de guerre. Quatre anciens soldats ont ainsi partagé leur vécu avec les comédiens. Permettant au passage à David Ayer de signer un film véritablement empreint de réalisme. Pourtant, d’après Pierre Grumberg, co-rédacteur en chef de l'époque du magazine Guerre et Histoire, le film s’éloigne énormément de la réalité.

Fury
Fury ©Columbia Pictures / Sony Pictures

En effet, David Ayer a pris d’énormes libertés par rapport à la réalité historique. Contrairement à ce qu’explique le texte d’introduction, la 2ème division blindée présentée dans le film n’a pas terriblement souffert en Allemagne. Les américains ont rencontré certes une certaine résistance et une contre-attaque armée des nazis. Mais ce n’était pas l’enfer dépeint par David Ayer. Selon Pierre Grumberg, le cinéaste signe un film militairement inepte, bourré d’invraisemblances tactiques et technologiques :

On voit l’infanterie attaquer debout en rangs bien serrés, les chars charger de front sans tenter la moindre manœuvre de débordement. Les Waffen SS, que l’on découvre hérissés de Panzerfaust, omettent inexplicablement de s’en servir quand ils sont confrontés à un unique char immobilisé. Enfin, l’inévitable Tiger doit être impérativement tiré par derrière.

Pierre Grumberg n'est pas le seul à mettre en exergue ce manque de réalisme. En 2014, à l'époque de la sortie du film, Sony avait organisé une projection privée pour l'état-major du général Hervé Charpentier. Accompagné de quelques uns de ses vétérans, les anciens soldats ont donné leur avis sur la véracité historique de Fury. Hervé Charpentier disait ceci au micro du Figaro

Une fidèle peinture de guerre? Probablement pas. Le film n'a pas grand-chose à voir avec la réalité des combats.

Un avis appuyé par le colonel Benoît Brulon :

Les affrontements de guerre ne sont généralement pas condensés sur 24 heures, comme ils le sont dans le film. C'est une belle histoire d'humanité, mais cela reste du cinéma… américain.

Ainsi, comme souvent dans les reconstitutions américaines, Fury manque de réalisme. David Ayer préfère servir les ressorts dramatiques de son intrigue plutôt qu'un pragmatisme inhérent au sujet de son œuvre. En même temps, son long-métrage demeure une fiction, et non pas un documentaire.