Le Diable s’habille en Prada : l’influence d’Anna Wintour a créé des obstacles au film

Le Diable s’habille en Prada : l’influence d’Anna Wintour a créé des obstacles au film

Dans "Le Diable s’habille en Prada", le personnage incarné par Meryl Streep est en partie basé sur Anna Wintour. L’aura de la puissante rédactrice en chef de Vogue US a d’ailleurs été une source d’embûches pour l’équipe du film.

Le Diable s’habille en Prada : un univers impitoyable

Sortie en 2006, Le Diable s’habille en Prada est l’adaptation de l’ouvrage éponyme de Lauren Weisberger. Pour l'écrire, la romancière s’est inspirée de son expérience en tant qu'assistante d’Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue US depuis 1988 et personnalité considérée comme la femme la plus puissante dans le monde de la mode.

Dans le long-métrage, Vogue devient Runway, publication prestigieuse gérée avec une précision horlogère par Miranda Priestly (Meryl Streep) depuis les bureaux de Manhattan. Après un entretien expéditif, elle décide d’engager Andrea Sachs (Anne Hathaway) comme nouvelle assistante. Fraîchement diplômée de l’Université Nothwestern, cette dernière rêve de devenir journaliste et ne cache pas son mépris pour les marques de haute couture.

Plongée dans un univers dont elle ne maîtrise absolument pas les codes, Andrea doit s’adapter à l’exigence, aux demandes imprévisibles et au ton glacial de sa supérieure. Subissant les regards de ses collègues, à commencer par ceux d’Emily (Emily Blunt) - l’autre assistante de Miranda, la jeune recrue songe vite à jeter l’éponge. Jusqu’au moment où Nigel (Stanley Tucci), directeur artistique au sein de Runway qui la prend sous son aile, lui rappelle que des millions de personnes tueraient pour être à sa place.

Le Diable s'habille en Prada
Miranda Priestly (Meryl Streep) - Le Diable s'habille en Prada © Walt Disney Studios Motion Pictures

Le Diable s’habille en Prada est nommé dans deux catégories aux Oscars en 2007 : Meilleure actrice pour Meryl Streep et Meilleurs costumes. Simon Baker et Adrian Grenier complètent la distribution de cette comédie dramatique signée David Frankel (Marley & Moi).

Le monde de la mode en panique

À l’occasion du quinzième anniversaire du film, Entertainment Weekly a organisé une rencontre publiée le 14 juin dernier avec les membres de l’équipe. Lauren Weisberger, David Frankel, Meryl Streep, Anne Hathaway ou encore Emily Blunt se sont ainsi confiés sur les coulisses du long-métrage. Les porte-paroles d’Anna Wintour ont en revanche décliné l’invitation.

L’influence et la réputation de la rédactrice en chef ont d’ailleurs semé des embûches à différentes étapes de la production. La scénariste Aline Brosh McKenna se souvient notamment :

J’ai eu énormément de mal à trouver quelqu’un de la mode qui puisse me parler, car les gens avaient peur d’Anna et de Vogue, et ne voulaient pas être blacklistés. Il y a une personne qui m’a parlé, dont je ne divulguerai jamais le nom, qui a lu (le scénario) et m’a dit : "Les gens dans ce film sont trop gentils. Personne dans ce monde n’est trop gentil. Ils n’ont pas à l’être, et n’ont pas le temps de l’être". Après ça, j’ai fait une nouvelle révision pour rendre tout le monde plus débordé et méchant.

Le Diable s'habille en Prada
Le Diable s'habille en Prada © Walt Disney Studios Motion Pictures

Elizabeth Gabler, ancienne présidente de Fox 2000, précise que des personnalités de l’industrie hollywoodienne craignaient que la comédie dramatique vienne égratigner l’image d’Anna Wintour. L’arrivée de Meryl Streep a néanmoins permis d’alléger leurs peurs, comme elle l’explique :

Elle était tellement admirée et respectée qu’ils se sont dit que Meryl allait faire sa propre version de ce rôle, qu’elle n’allait pas jouer une parodie de qui que ce soit.

Le réalisateur David Frankel assure de son côté que le Metropolitan Museum n’a pas voulu contribuer aux scènes autour du gala de bienfaisance basé sur le Met Ball, événement annuel présidé par Anna Wintour.

Des détails un peu trop réalistes

Sans vouloir ternir l’aura de son modèle, Le Diable s’habille en Prada entend cependant dévoiler avec véracité son environnement de travail. La description du quotidien dans les bureaux de Runway a ainsi rappelé des souvenirs à la romancière Lauren Weisberger :

Les scènes où le chauffeur appelle et où elle (Miranda) entre dans le bureau et où tout le monde sombre dans la panique absolue. C’est la folie quotidienne qu’il était je pense important de retranscrire… Il y a beaucoup de choses qui sont très proches de la réalité.

David Frankel ajoute :

Le seul contact que nous ayons eu avec Vogue venait de Jess Gonchor, le décorateur, qui s’est faufilé dans leurs bureaux pour jeter un coup d’œil à celui d’Anna… Il a pu recréer le bureau avec tellement d’authenticité qu’on m’a dit qu’Anna avait redécoré le sien immédiatement après la sortie du film.

Du Prada pour la première

Lors de la première du film organisée à New York, Anna Wintour est accompagnée de sa fille Katherine. Elle porte alors ironiquement du Prada. La scénariste Aline Brosh McKenna affirme à ce sujet :

Cela montre qu’elle a un grand sens de l’humour !

David Frankel se remémore lui aussi à merveille cette soirée, mais également de s’être fait snober par la rédactrice en chef :

Je me souviens que sa fille lui a donné un coup de coude durant la projection, du genre : "Ils ont vu juste !" Quelques années plus tard, j’étais à un tournoi de tennis à Miami, assis derrière elle. À la fin, j’ai fait l’effort de me présenter, "Je suis David Frankel, le réalisateur de Le Diable s’habille en Prada", et elle a ôté sa main de la mienne !

Une réaction que Miranda Priestly aurait tout à fait pu avoir…