Les Randonneurs sur C8 : une révélation au grand public compliquée pour Benoît Poelvoorde

Le début de la gloire pour Benoît Poelvoorde

Les Randonneurs sur C8 : une révélation au grand public compliquée pour Benoît Poelvoorde

En 1997, Benoît Poelvoorde se révèle auprès du grand public avec "Les Randonneurs", comédie de potes à la française qui cartonne en salles. L'acteur belge se fond avec brio dans un collectif composé entre autres de Vincent Elbaz, Géraldine Pailhas et Karin Viard. Une étape importante dans sa carrière, mais qui sur le coup ne lui a pas laissé de bons souvenirs...

Benoît Poelvoorde, l'ascension vers le sommet

En 1996, lorsqu'il reçoit la proposition du film Les Randonneurs, le comédien belge est encore novice dans le milieu du cinéma. Bien sûr, il y a eu le choc cannois de 1992 C'est arrivé près de chez vous, faux documentaire de Rémy Belvaux, création parodique de génie en noir et blanc. Un film d'une radicalité folle, excessivement violent et mené par un Benoît Poelvoorde magistral, doté d'un charisme et d'un humour dévastateurs. Après ça, il se tourne vers le théâtre avec un one-man-show intitulé Modèle déposé.

Cette première et dernière incursion sur les planches, en 1996, a le mérite d'éveiller la curiosité de l'acteur et réalisateur Philippe Harel. Celui-ci lui offre ainsi, avec Les Randonneurs, son second rôle principal après C'est arrivé près de chez vous.

Les Randonneurs
Les Randonneurs ©MKL Distribution

Les Randonneurs, un "film de potes" à succès

Après Les Bronzés et avant Les Petits mouchoirs, Philippe Harel propose lui aussi sa comédie chorale, mettant en scène une bande d'amis, trois garçons et deux filles, qui partent ensemble faire le GR20 en Corse. Autour de Benoît Poelvoorde (Éric), d'autres jeunes talents en plein devenir : Vincent Elbaz (Mathieu), Géraldine Pailhas (Nadine), Karin Viard (Coralie) et Philippe Harel (Louis) lui-même. Au programme, des magnifiques paysages mais surtout des règlements de comptes, des amours secrets, des rires et des larmes... Rien ne se passe comme prévu pour ces vacances entre amis, au grand plaisir du public qui va massivement en salles voir Les Randonneurs. Avec plus de 1,4 million d'entrées au box-office 1997, le film est un succès et lance la carrière de Benoît Poelvoorde au cinéma.

Une expérience mitigée pour l'acteur belge

Aujourd'hui, aucun cinéma ne résiste à Benoît Poelvoorde, parfaitement opérationnel et efficace dans tous les genres. Mais pour Les Randonneurs, alors âgé de 32 ans, le jeune acteur belge n'en mène pas large. Comme il l'est rapporté dans le livre du journaliste et critique belge Hugues Dayez, Poelvoorde, l'inclassable, Benoît Poelvoorde ne trouve jamais vraiment ses marques durant le tournage.

Je suis quelqu'un de très extrémiste et Philippe me disait : "Il faut garder ton énergie et perdre ta nervosité !". Et il était intraitable là-dessus. Le résultat pour moi était très difficile à regarder en face parce que j'avais l’impression d’être en-dessous de ce que je suis réellement. (...) Avec lui vous naviguez entre un truc qui pourrait apparaître comme seulement drôle au départ et un autre qui n'est pas drôle du tout voire même un peu dramatique. (...) Par conséquent nous ne jouons pas des personnages très exubérants… Si nous avions eu des personnages plus clowns, ça nous aurait donné plus de marge.

Ajoutez à cela une grande pudeur qui rend la scène du baiser avec Géraldine Pailhas difficile à tourner, et le tournage n'est pas globalement une partie de plaisir. Mais Benoît Poelvoorde ne conçoit aucun grief ou rancune, puisqu'il loue la bonne ambiance du tournage et le talent de tous ses partenaires.

Les Randonneurs
Les Randonneurs ©MKL Distribution

L'apprentissage de la confiance pour Benoît Poelvoorde

Mitigé sur cette première expérience de comédie populaire, Benoît Poelvoorde tire néanmoins un enseignement sur une transition qu'il a à faire. Jeune comédien, co-créateur de Modèle déposé et de Les Carnets de Monsieur Manatane, crédité au scénario de C'est arrivé près de chez vous, l'acteur a du mal à ne pas être impliqué au scénario et aux dialogues. Il le racontait ainsi à lavenir.net, qui l'avait suivi lors du tournage :

Ce n’est pas une très bonne expérience pour moi. C’est la dernière fois que je joue dans un film dont je n’ai pas co-écrit le scénario ni participé aux dialogues.

Et il joint le geste à la parole, puisqu'en effet sur ces deux projets suivants de cinéma français, Benoît Poelvoorde est impliqué à l'écriture, que ce soit pour Les Portes de la gloire comme pour Le Vélo de Ghislain Lambert, sa nouvelle collaboration avec Philippe Harel. Une transition en douceur pour devenir pleinement et "seulement" acteur de cinéma, interprète, en laissant le soin à d'autres d'écrire et de dialoguer les histoires. Jusqu'à ce que, finalement, son immense talent ayant éclaté aux yeux de tous dans les années 2000, les auteurs et scénaristes de films finissent par écrire leurs personnages en pensant à lui...