Retour à Howards End : pourquoi le film est à part dans la carrière d’Emma Thompson ?

Une performance inoubliable

Retour à Howards End : pourquoi le film est à part dans la carrière d’Emma Thompson ?

En 1993, Emma Thompson remporte l’Oscar de la Meilleure actrice pour "Retour à Howards End". Le long-métrage fait décoller sa carrière et lui offre l’un de ses premiers rôles majeurs, auquel elle reste profondément attachée.

Retour à Howards End : une merveille de film d’époque signée James Ivory

Après les succès de Chambre avec vue et Maurice, James Ivory signe une nouvelle adaptation du romancier E.M. Forster avec Retour à Howards End. Pour ce long-métrage sorti en 1992, le cinéaste américain travaille avec ses fidèles collaborateurs, le producteur Ismail Merchant et la scénariste Ruth Prawer Jhabvala. Cette dernière parvient à construire une intrigue limpide dans l’époque édouardienne, traitant de la lutte des classes en se focalisant sur des personnages de milieux opposés.

Parmi eux figure Margaret Schleguel (Emma Thompson), une jeune femme progressiste installée à Londres avec sa sœur Helen (Helena Bonham Carter) et son frère Tibby (Adrian Ross Magenty). Elle se lie d’amitié avec Ruth Wilcox (Vanessa Redgrave). De passage dans la capitale anglaise, cette voisine évolue à l'inverse dans une famille conservatrice. Malgré leurs opinions différentes, elles développent un puissant attachement réciproque.

Peu de temps avant son décès, Ruth Wilcox rédige une note testamentaire. Elle écrit qu’elle souhaite léguer à Margaret sa résidence baptisée Howards End, maison de campagne à laquelle elle est profondément attachée. Perturbés par cette volonté inattendue, le veuf Henry Wilcox (Anthony Hopkins) et ses enfants refusent de céder la propriété. Ils décident donc de cacher ce mot.

Retour à Howards End
Margaret Schleguel (Emma Thompson) - Retour à Howards End © Carlotta Films

En parallèle, Margaret et sa sœur Helen tentent de venir en aide aux Bast. Ce couple extrêmement modeste a un lien inattendu avec les Wilcox, qu'elles ne soupçonnent pas. Les choses se compliquent lorsque Margaret et Henry se rapprochent... Joseph Bennett, Prunella Scales et James Wilby complètent la distribution de ce chef-d’œuvre magnifié par la photographie de Tony Pierce-Roberts.

Des débuts fracassants

Évoquant aussi bien la complicité qui s’étiole entre deux sœurs aux idéaux modernes que le mépris bourgeois vis-à-vis des prolétaires, dans des cadres picturaux sublimes, Retour à Howards End est récompensé par trois Oscars. Lors de la cérémonie de 1993, le drame repart avec les statuettes de Meilleur scénario adapté, Meilleure direction artistique et Meilleure actrice pour Emma Thompson.

Le long-métrage marque un cap dans la carrière de l’interprète de Margaret Schleguel. Avec Henry V et Dead Again, réalisés par son compagnon de l’époque Kenneth Branagh, le film lui offre l’un de ses premiers rôles majeurs. Et sa performance fait l’unanimité. La star en devenir remporte absolument tous les prix pour lesquels elle est nommée, dont un Golden Globe et un BAFTA.

Un lien puissant entre Emma Thompson et Margaret

Depuis, Emma Thompson a brillé dans Au nom du père, Love Actually ou encore le récent Cruella. Elle a remporté un second Oscar, celui de Meilleur Scénario adapté, pour Raisons et sentiments. La comédienne a également signé les scripts de Nanny McPhee et Bridget Jones Baby.

Après de multiples succès, celle qui a aussi contribué à la saga Harry Potter en incarnant Sibylle Trelawney garde un lien très fort avec Retour à Howards End. Interrogée par IndieWire en 2016, l’actrice se remémore son besoin de prêter ses traits à Margaret. James Ivory assure alors qu’Emma Thompson a eu le rôle dès la fin de son audition. Elle n’a par ailleurs pas manqué de lui faire part de son enthousiasme par courrier. Ce que la principale intéressée confirme, en racontant :

C’est la seule fois où j’ai écrit à quelqu’un pour lui dire : ‘Je sais comment l’interpréter, je connais si bien cette femme’. Je me sentais exceptionnellement convaincue que je serais capable de le faire. Que j’étais la bonne personne. (…) Si Margaret est par certains aspects en désaccord avec les pré-féministes, elle choisit d'aller vers cette voie. (…) Forster a vu la condition horrible dans laquelle les femmes se sont retrouvées piégées.