1917 : parcourir le no man's land en Blu-ray

Parés pour près de deux heures d’expérience cinématographique incomparable ? Très remarqué lors de sa sortie en salle puis multi-récompensé par nulle autre cérémonie que les Oscars, le chef-d’œuvre de Sam Mendes "1917" se fraie un chemin jusqu’à votre salon en DVD, Blu-ray et Ultra HD.

1917 : présentation et critique

Scénario ★★★★★

Concernant son investissement dans la création de 1917, Sam Mendes (Les Noces rebelles) va plus loin qu’adopter la « simple » étiquette de réalisateur. Ce sont ses mots, nourris par les témoignages de son grand-père paternel ayant survécu à la guerre, qui ont donné vie au long-métrage avec le soutien de la scénariste Krysty Wilson-Cairns (Penny Dreadful).

Cette double plume conte l’histoire de deux soldats britanniques à qui l’on confie une mission aussi capitale que suicidaire : transmettre l’ordre d’annuler une attaque imminente au deuxième bataillon du régiment Devonshire. Sans quoi, celui-ci se retrouvera pris au piège d’une stratégie dévastatrice mise en place par les Allemands. L’existence de 1 600 hommes est sur la sellette. Les caporaux Tom Blake (Dean-Charles Chapman) – dont le frère Joseph (Richard Madden) pourrait faire partie des victimes en cas d’échec - et Will Schofield (George MacKay) doivent ainsi traverser les lignes ennemies et le no man’s land au risque d’y perdre la vie.

Ce film se déroule durant un épisode de l’histoire mondiale où tout n’est que pertes et dévastations. C’est au cours d’un plan-séquence extraordinaire dépourvu d’interruption que les spectateurs sont amenés à parcourir tranchés et ruines aux côtés des personnages, à se frotter à des cadavres en pleine décomposition et à éviter des tirs meurtriers. Ce montage si particulier couplé à cette photographie si poignante que l’on doit à Roger Deakins (No Country for Old Men) résultent à une immersion absolue. Le public accompagne le duo que la caméra ne quitte jamais, leur tournant autour, se concentrant sur leur visage ou les suivant à la trace. L’anxiété saisit aux tripes, l’émotion forme une boule dans la gorge et le soulagement n’est toujours que de courte durée. 1917 est une œuvre de « sensations pures » où camaraderie, fraternité et héroïsme sont au cœur du déroulement face à des ennemis très (trop ?) diabolisés. Pour plus de détails concernant notre avis, rendez-vous ici.

Les éditions commercialisées

Universal Pictures France n’a pas négligé la sortie de 1917 sur le marché de la vidéo, allant jusqu’à habiller DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K de fourreaux cartonnés (d’après les visuels promotionnels ci-dessous). Mieux encore : le studio a accordé au marchand Fnac l’opportunité de commercialiser en exclusivité deux steelbooks au visuel reprenant l’affiche originale très sobre. Identiques si ce n’est pour l’inclusion ou non du disque Ultra HD, leur finition est idéale puisque glossy, sans oublier un titre joliment embossé.

1917
De gauche à droite : DVD, Blu-ray, Blu-ray 4K + Blu-ray, Steelbook Fnac + Blu-ray 4K + Blu-ray (existe en Blu-ray seulement)

Test Vidéo/Audio

Vidéo ★★★★★ Audio ★★★★★

Premier film tourné à l’aide d’une caméra Arri Alexa Mini LF et usant de multiples techniques pour ses plans, 1917 a été capturé en 4.5K avant d’être finalisé par un intermédiaire numérique en 4K. Ne pas avoir choisi la pellicule permet d’être au plus près de la réalité, ce qui alimente parfaitement le désir de l’équipe. Le cadre n’est jamais vide grâce à des environnements nombreux, variés, ponctués de flaques boueuses, de barbelés, de débris, de cadavres et ainsi de suite, donnant de la substance pour des images finement ciselées ne loupant pas le coche d’une profondeur de champ admirable. De plus, l’équipement des soldats et leurs uniformes permettent de jouer sur les détails via la saleté incrustée dans les tissus ainsi que l’usure des armes et des casques. Les gros plans statiques sont rares, les teints pâles, mais la précision est telle qu’il est aisé de déceler pores et transpiration.

La palette est atténuée, constituée de couleurs ternes – beiges, marrons, gris – parfois rehaussée par des verts rafraîchissants, des oranges incendiaires et des fleurs blanches incarnant l’espoir. Les scènes obscures bénéficient de noirs qui ne bouchent pas malgré le défi qu’elles constituent (notamment celle en intérieur où le britannique fait la rencontre d’une française). La galette 1080p est tout simplement un régal se hissant parmi les meilleures du format.

Avec son Dolby Digital Plus 7.1, le doublage français est en deçà de la piste originale (et allemande) en Dolby Atmos ou Dolby TrueHD 7.1 pour les non-équipés. Cette dernière possède tous les ingrédients pour séduire les avertis, sa puissance se décuplant peu à peu lors des dix premières minutes. Se focalisant d’abord sur les dialogues, le score de Thomas Newman (American Beauty) gagne en intensité à l’instar des basses (l’explosion suivie de l’écroulement). Le spectateur se voit dépassé par un vol aérien puis se sent menacé en devenant la cible de coups de feu à la forte résonance. L’audio est intense, jusqu’au vent semblant s’échapper des huit canaux. À croire que nous sommes réellement sur le champ de bataille.

Test Bonus ★★★★☆

Une interactivité de grand cru pour la galette bleue, surtout lorsque l’on prend en compte les deux commentaires audios qui compensent les durées relativement brèves des autres suppléments.

  • Le poids du monde : Sam Mendes (04:29 min) : le cinéaste explique quelle a été la source d’inspiration derrière le scénario qu’il a co-écrit auprès de Krysty Wilson-Cairns. Aussi, ses collègues le couvrent d’éloges en revenant sur son ingéniosité et son intimité avec l’histoire contée.
  • Les forces alliées : le tournage de 1917 (12:01 min) : l’équipe s’arrête sur la difficulté autour des transitions entre les scènes, l’utilisation d’un plan de 40 pages pour déterminer les déplacements de la caméra et la quête de la fluidité.
  • La bande originale de 1917 (03:52 min) : exploration du rôle tenu par la musique composée par Thomas Newman à travers des interviews et des aperçus de l’enregistrement en studio. Anecdote qu’on n’entend pas tous les jours : la collaboration ayant été officialisée très tôt durant le processus de production, certains des titres ont pu être utilisés durant le tournage.
  • Dans les tranchées (06:59 min) : le réalisateur aborde l’importance d’avoir choisi deux têtes d’affiches relativement inconnues et les qualités de chacun (personnages inclus). D’autres membres du casting sont mentionnés tel Colin Firth (Les Voies du destin).
  • Recréer l’histoire (10:25 min) : sont passés en revue les décors, la préparation complexe du long-métrage, l’approche théâtrale dans son rapport à l’espace, la construction des tranchées, la scène de la cerisaie, la recherche des lieux les docks de Govan en Écosse et bien d’autres.
  • Commentaire du réalisateur/coscénariste Sam Mendes : le cinéaste rappelle l’influence de son grand-père ayant survécu à la Première guerre mondiale qu’il passe également en revue, puis s’exprime quant au casting, à la musique, aux plateaux etc. En un mot : excellent. En Dolby Digital 2.0.
  • Commentaire du directeur de la photographie Roger Deakins : approche plus technique de 1917 (matériel utilisé, steadicam, réglage des dialogues en fonction de la grandeur du terrain arpenté…) et le travail qu’il a accompli afin de le rendre singulier dans le champ si vaste que constitue le septième art. En Dolby Digital 2.0.

Bilan ★★★★★

Avec 1917, le public prend part à une quête haletante et désespérée. Sa construction sans faille ainsi que sa qualité de reconstitution de la Première guerre mondiale en font un long-métrage incontournable destiné à marquer le paysage cinématographique. Sam Mendes a réalisé un coup de maître, sentiment partagé par Universal qui a élaboré un Blu-ray épatant et immersif tant au niveau technique que par ses bonus très solides.

Les éditions Blu-ray et DVD de 1917 sont disponibles à la Fnac et sur Amazon.