Il était un des visages les plus connus du cinéma et du théâtre français. À 88 ans, l'immense comédien Claude Rich s’en est allé jeudi 20 juillet 2017 des suites d’un cancer.
Né le 8 février 1929 à Strasbourg, Claude Rich déménage avec sa famille après la mort de son père, à Paris, en 1935. C’est durant la Seconde Guerre mondiale que Claude, alors en pension à Neauphle-le-Vieux, commence à s’intéresser au théâtre. Au début des années 1950, il suit les cours du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Une formation qui lui permet d’être remarqué par René Clair et d’obtenir son premier rôle dans Les Grandes Manœuvres (1955).
Des seconds rôles importants pour l'oublié de la Nouvelle Vague
Avec ses airs de jeune dandy, il obtient des seconds rôles notables. Dans Les Tontons flingueurs (1963) de Georges Lautner et La Chasse à l'homme d’Édouard Molinaro (1964), ou aux côtés de Louis de Funès dans Oscar (1967). Avant cela, Michel Deville lui donne le premier rôle de la comédie Ce soir ou jamais (1961), où il donne la réplique à Anna Karina, tout juste révélée par Jean-Luc Godard avec Une femme est une femme (1960), ainsi qu’à la très jeune Françoise Dorléac (également dans La Chasse à l'homme).
Bien qu’il collabore avec des réalisateurs célèbres, tels que Christian-Jaque (Le Repas des fauves, 1964) ou René Clément (Paris brûle-t-il ?, 1966), Claude Rich est laissé de côté par la Nouvelle Vague. Durant cette période, les réalisateurs associés au mouvement ne lui proposent pas de rôle (sans raison particulière évidemment). Un oubli que François Truffaut avec La Mariée était en noir, et Alain Resnais avec Je t'aime, je t'aime, rattraperont en 1968. Resnais lui offrant d’ailleurs là l’un de ses plus grands rôles.
Théâtre, cinéma et reconnaissance tardive
Dans les années 1970 et 1980, Claude Rich se fait plus discret au cinéma. Il revient (bien qu’il ne l’a jamais quitté) au théâtre. Il commence d’ailleurs à écrire plusieurs pièces, comme Le Zouave (1975) et Un Habit pour l'hiver (1979). Mais ce sont surtout ses rôles dans les pièces de Sacha Guitry (Jean de La Fontaine en 1973), d'Alfred de Musset (Lorenzaccio dans 1976), ou de William Shakespeare (Péricles, prince de Tyr en 1977) qui lui valent ses premières reconnaissances. Au cinéma, elles arriveront plus tardivement.
Après deux décennies durant lesquelles il joue dans un peu moins d’une vingtaine de films, Claude Rich obtient dans les années 1990 ses premières nominations aux César. Il remporte ainsi le César du meilleur acteur pour Le Souper en 1993. Il est ensuite nommé en 1995 et 2000 au César du meilleur acteur dans un second rôle pour La Fille de d'Artagnan et La Bûche. C’est finalement en 2002, année où il interprète un excellent Panoramix dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, qu’un César d’honneur vient récompenser son immense carrière. Celle-ci s’achève en 2015 sur Ladygrey d'Alain Choquart, sa dernière apparition au cinéma.
Extrêmement raffiné, Claude Rich renvoyait une image charmante. Sa voix posée et sensible, reconnaissable entre mille, et son large sourire le rendaient des plus sympathiques. Avec plus d’une centaine de films (cinéma et télévision confondus) et une cinquante de pièces, Claude semblait éternel. Il s’éteint néanmoins à 88 ans, après une carrière longue de soixante ans qui, comme lui, restera dans les mémoires.