Scream VI : slasher banal, la satire et le fun oubliés

Scream VI : slasher banal, la satire et le fun oubliés

CRITIQUE / AVIS FILM - Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett continuent de profiter de l'œuvre de Wes Craven avec "Scream VI" qui déplace cette fois la tuerie à New York.

Un Ghostface à New York

Comme dans le précédent volet, il y a dans Scream VI ce moment où Mindy (Jasmin Savoy Brown) se lance dans un monologue pour expliquer à ses amis (et au public) les règles du récit en se basant sur des codes de cinéma. Une séquence méta initiée par Wes Craven dans le premier Scream (1997) pour s'amuser du genre du slasher et jouer avec les attentes du public.

Cette fois, il ne s'agit plus d'un "requel" (contraction de reboot et sequel). Il faut penser franchise nous dit Mindy. Avec plus de sang, de meurtre et de violence ! Mais surtout, avec des figures iconiques qui peuvent être supprimées et un scénario qui irait à l'opposé de ce qu'on connaît. De quoi promettre un beau spectacle, avec, en prime pour Scream VI, un changement de décor : la petite ville californienne Woodsboro laisse place à New York.

Melissa Barrera et Jenna Ortega - Scream VI ©Paramount Pictures
Melissa Barrera et Jenna Ortega - Scream VI ©Paramount Pictures

Sauf que Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett continuent de jouer les petits malins sans bien comprendre ce qu'ils ont dans les mains. Les deux réalisateurs, déjà à la tête de Scream (2022), ont beau annoncer de bonnes idées, les promesses ne sont jamais tenues dans cet énième opus. Le duo privilégie à la place des personnages toujours plus idiots qui n'agissent même pas en cohérence avec ce qu'ils savent et annoncent au spectateur.

Scream VI passe à côté de tout

C'est d'ailleurs ce qui rend Scream VI frustrant. Car plus d'une fois les possibilités sont là. Il y a par exemple cette introduction efficace avec Samara Weaving, figure du cinéma de genre de ces dernières années. De là, les cinéastes auraient pu étirer un concept basé sur une multitude de tueurs, opposés les uns aux autres, mais il n'en sera rien.

Et il en va de même avec la ville de New York, qui n'apporte rien de neuf si ce n'est une séquence sans saveur dans le métro et la fuite (qui vire au drame) de nos héros d'un immeuble à un autre à l'aide d'une échelle. Un passage qui a tous les ingrédients pour fonctionner mais auquel il manque cette ironie que maîtrisait Wes Craven.

Scream VI ©Paramount Pictures
Scream VI ©Paramount Pictures

Une certaine dose d'humour qu'arrivait à ajouter le cinéaste en poussant les curseurs toujours plus loin - ici il y avait mieux à faire avec cette échelle... On le répète, mais à l'origine Scream s'amusait avec les codes du slasher (entre autres), les détournait et faisait finalement une satire du genre (puis de l'industrie dans les films suivants).

Scream VI reste au premier niveau de lecture de l'œuvre de Craven (et du scénariste Kevin Williamson) et s'enfonce dans un sérieux plombant, sans jamais porter un véritable regard sur son époque. Pire, l'utilisation de cette saga ressemble de plus en plus à ce qui était critiqué à l'origine.

La famille, encore et toujours

Scream VI se contente ainsi d'un récit classique avec un tueur en guise d'épreuve pour la reconstruction de Sam (Melissa Barrera) et Tara (Jenna Ortega) après la tuerie de l'épisode précédent. On retrouve en effet les deux sœurs qui peinent à avancer dans leur vie. Du moins Sam, en thérapie depuis six mois et paniquée à l'idée de devenir comme son père Billy Loomis (tueur du premier film) ou de perdre sa sœur.

Jenna Ortega - Scream VI ©Paramount Pictures
Jenna Ortega - Scream VI ©Paramount Pictures

De son côté, Tara tente de prendre le contrôle de sa vie d'étudiante sans penser au drame vécu. Mais toutes ces attaques de Ghostface ne feront que les rapprocher et consolider leur famille - à laquelle s'ajoutent les jumeaux Mindy et Chad (Mason Gooding). Une thématique épuisée à Hollywood. Et malheureusement, Scream VI l'aborde avec un premier degré désolant et une mise en scène anecdotique.

Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ne sont pas au niveau d'un Wes Craven qui, dans les moments les plus sérieux de sa saga, parvenait à tirer une émotion certaine en trouvant le cadre juste, une lumière, ou simplement le regard magnifique de Neve Campbell. À l'évidence, cette dernière a bien fait de passer son chemin pour cette fois.

Scream VI de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, en salles le 8 mars 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Sans être horrible à regarder, "Scream VI" n'en demeure pas moins un slasher banal et laborieusement écrit. Se limitant à des effets gentiment gores, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett mènent la saga initiée par Wes Craven vers ce qu'il critiquait à l'origine.

Note spectateur : 5 (1 notes)