Mrs. America : combat(s) de femme(s)

Mrs. America : combat(s) de femme(s)

CRITIQUE / AVIS SÉRIE - À l'occasion de cette nouvelle mini-série "Mrs. America", FX nous plonge en plein dans une période historique à la fois nécessaire et passionnante : le combat féministe, non pas vu entre les femmes et les hommes, mais entre les femmes et... les femmes.

Le combat de femmes, vu et interprété par des femmes... Si cela peut paraître évident d'en parler pour certains, même facile pour d'autres, on a presque envie de dire qu'il est en fait nécessaire. Dans un sens, il reste encore beaucoup à accomplir vis-à-vis du droit des femmes dans nos sociétés contemporaines. L'inégalité entre les sexes est un problème que les époques n'ont pas encore su résoudre et l'une des principales causes demeure ainsi : ce fossé a été remis en question il y a encore si peu de temps. Nous accueillons donc les bras ouverts ce nouveau projet de la part de la scénariste et productrice Dahvi Waller (Mad Men, tout de même) ; Mrs. America, ou le choc titanesque des mœurs, dans le bouillon effervescent des 70's. Une époque fertile où fleurissaient les nouvelles revendications et où les combats prenaient véritablement forme. Qu'importe le front.

Deux camps, une cause

MRS. AMERICA - Saison 1 - Episode 1
© FX Productions

Cette nouvelle minisérie, chapeautée par FX, raconte comment le féminisme est avant tout une affaire de femmes, fortes et indépendantes, même s'il s'agit de points de vue différents. Il y a l'impériale Cate Blanchett, qui interprète une redoutable avocate, Phyllis Schlafly, qui plus est antiféministe et milite activement contre l'avortement (tout en restant fortement attachée au traditionalisme du foyer, elle en fait son principal acte de foi : pour combattre le patriarcat, elle se place aux côtés des hommes). De l'autre côté du bord, régissent ses ennemies, d'autres figures importantes du mouvement féministe : la journaliste Gloria Steinem (Rose Byrne) et Shirley Chisholm (Uzo Aduba), aka la première femme noire à tenter l'investiture américaine en 1972... Rien que ça. A leurs côtés, Betty Friedan (Tracey Ullman), militante dévouée qui fera ses preuves tout au long de ces 9 épisodes.

Reste une très belle seconde partie de casting, portée par des actrices sensationnelles : Sarah Paulson, Elizabeth Banks, Margo Martindale ou encore Jeanne Tripplehorn... Et aussi quelques acteurs qui font le job, John Slattery et James Marsden en tête.

Mrs. America profite de son statut de minisérie pour prendre son temps et dresser, en une poignée d'épisodes, le portrait de ces figures historiques des plus contrastées. Pas de prise de position lourdingue ici, tout est minutieusement induit par la trame, qui est une reconstitution intéressante des faits et des gestes de femmes de pouvoir. Toute réunies pour (plus ou moins) la même cause : leur place dans la société. Mais à quel prix ?

Malgré un certain académisme dans sa forme, la série respecte l'esthétique vintage de cette époque charnière, tout en nous servant une réalisation humble et simple. Les thèmes s'enchaînent, les avis divergent : le droit à l’avortement, le droit des travailleuses, le droit des femmes noires... Tout cela baigne dans un système patriarcal qu'on ne présente plus, soutenu ici par "l'homme au costard-cravate et aux cheveux gominés". Et puis il y a cette façon de décrire la misogynie ambiante, dans les petits détails du quotidien, apportant à la série une force visuelle. En définitive, une belle réussite.

Mrs. America, créée par Dahvi Waller, diffusée sur FX Networks à partir du 15 avril 2020 et en simultané sur Canal + Séries. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

La malheureuse réalité de notre époque rend les faits relatés par "Mrs. America" encore plus passionnants et importants.

Note spectateur : Sois le premier