Gros Plan : retour sur la saga culte Harry Potter

Gros Plan : retour sur la saga culte Harry Potter

Nul besoin de rappeler qu'à l'origine, "Harry Potter" est une série de sept romans à succès écrits par J.K. Rowling, qui est revenue à la plume avec "Les Animaux fantastiques". Retour sur cette saga culte.

Nul besoin de rappeler qu'à l'origine, Harry Potter est une série de sept romans à succès écrits par J.K. Rowling, qui est revenue à la plume avec Les Animaux Fantastiques. On ne va pas parler de la fidélité ou non des films par rapport aux livres mais uniquement se concentrer sur l'aspect cinématographique de la saga.

Harry Potter 1 et 2 : l'enfance de la génération 90

Orphelin, Harry Potter vit avec ses détestables oncle et tante sous l'escalier d'une maison londonienne. A l'approche de ses onze ans il ne s'attend à rien de la part de sa famille de substitution. Mais c'est à cette période qu'il découvre qu'il est le fils de grands magiciens et qu'il devra lui aussi faire ses preuves au sein de l'école Poudlard. Cette histoire vous rappelle des souvenirs ? Et oui, en 2001 le premier Harry Potter sortait sur nos écrans . Harry Potter à l'école des sorciers est la pierre angulaire d'une saga d'au moins 8 films. La production décide de caster de jeunes enfants, nés au début des années 1990. Harry Potter est campé par Daniel Radcliffe, Hermione Granger par Emma Watson et Ron Weasley par Rupert Grint. Une fine équipe qui accompagnera les spectateurs pendant dix années entières, jusqu'en 2011. C'est certainement la force principale de cette saga, les spectateurs ont grandi en même temps que les acteurs. Ils ont passé leur enfance et leur adolescence à travers les films et ont accompagné toute une partie du public.

Le premier opus est donc donné à Chris Columbus, grand spécialiste des films pour enfants (Maman, j'ai râté l'avionMadame Doubtfire, L'homme bicentenaire). Forcément, ce premier Harry Potter est un film lisse et formaté pour une diffusion familiale. Rien n'est très perturbant, inquiétant ou ambigu. L'intrigue est cousue de fil blanc, sans grande surprise, les effets spéciaux ont pris un coup de vieux, et les enfants sont un peu niais. Mais on pardonne tout au premier Harry Potter. C'est une œuvre fondatrice qui doit mettre en place un univers entier en deux heures. Il doit résoudre son intrigue personnelle mais également créer les fondations de l'histoire étendue sur les différents opus. Ce qu'il raconte est donc primordial, contrairement à d'autres opus qui sont clairement du remplissage. Ce premier Harry Potter aura émerveillé toute une génération, et était les prémisses d'une saga aujourd'hui devenue culte. Classique parmi les classiques de la pop culture, ce premier Harry Potter est une oeuvre immémoriale qui traversera assurément les générations comme la trilogie originelle de Star Wars.

Devant le succès du premier film, Chris Columbus est revenu pour le deuxième opus : Harry Potter et la chambre des secrets. Une suite qui tente d'assombrir l'univers d'Harry Potter. Terminé l'émerveillement des premiers tours de magie, ici on apprend que les dangers sont nombreux à Poudlard. La Chambre des Secrets est peut-être le film le plus sombre de la filmographie de Chris Columbus mais n'est pas un film révolutionnaire pour autant. Les révélations sont moins nombreuses et cette suite ne fait pas forcément avancer l'intrigue globale, mais tease encore un peu Voldemort comme grand ennemi imbattable. Et la séquence de fin avec le Basilic, sorte de serpent géant, avait sacrément de la gueule à l'époque ! Chris Columbus a donc su réaliser deux premiers opus très prometteurs. Des fondations solides, tour à tour merveilleuses, intrigantes et inquiétantes. Le cinéaste a posé les bases de ce que sera la saga, a décidé de son identité, avec une maîtrise qu'on ne lui connaissait pas encore.

Harry Potter 3 : quand le génial Alfonso Cuaron prend le contrôle

Quand Alfonso Cuaron prend le contrôle de la saga, forcément ça fait des étincelles. Le réalisateur des films Les Fils de l'Homme et de Gravity a une vision personnelle très imposante. Très loin des cinéastes standards qui appliquent bêtement une recette, il a su transformer la saga pour y mettre sa propre vision. On se demande encore comment au sein d'une saga aussi formatée, un ovni pareil a pu exister. Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est incontestablement le meilleur opus de la saga. Un film sombre, un cauchemar a des années-lumières des "bisounours" de L'Ecole des Sorciers. Ce troisième épisode est emmené par une véritable pâte de réalisateur, un univers qui méritait cette approche. Les Détraqueurs font par exemple froid dans le dos, et ce loup-garou hante encore nos souvenirs d'enfant.

On regrette encore que la suite ne lui ait pas été confiée et qu'il n'ait pas pu totalement s'exprimer, obligé de construire son film avec l'héritage de Chris Columbus et de rester dans le cahier des charges d'une saga qui se veut quand même adressée à un public large. Cuaron ne pouvait donc pas totalement enfoncer la porte de l'épouvante, ni même du fantastique crade, mais il nous a assurément donné un bon aperçu de ce qu'aurait pu être la saga Harry Potter. Avec des enjeu beaucoup plus sombres, Le Prisonnier d'Azkaban permet à la saga Harry Potter de mettre les pieds dans une approche plus mature. Cet épisode est un tournant indéniable entre la première partie de la saga et la seconde. Merci monsieur Cuaron.

Harry Potter 4 : un film d'action efficace

Harry Potter et la coupe de feu change encore de réalisateur. Cette fois la Warner choisit Mike Newell à qui l'on doit notamment Prince of Persia, l'excellent Donnie Brasco ou encore Quatre mariages pour un enterrement. Ce quatrième opus n'est pas forcément désagréable, il est même plutôt divertissant, surtout dans son dernier acte, mais il s'agit d'un film plus lisse, sans réelle vision artistique. Une œuvre totalement divertissante mais qui manque cruellement de personnalité. Cependant, cet opus permet aux acteurs d'affiner leur jeu et de prendre de l'âge, ce qui permet de diriger les enjeux vers une approche plus adulte. Ce quatrième épisode fonctionne parfaitement grâce à ce tournoi inter-école qui permet de booster le rythme du film avec des séquences d'action mémorables. En plus, Mike Wewell réserve un final mémorable, qui a laissé une bonne partie des fans sur les fesses, grâce à ses confrontations avec un dragon et surtout lord Voldemort. La Coupe de Feu permet également d'épaissir les mystères des premiers films : qui est réellement Voldemort ? Que cache Poudlard et ses professeurs ? Etc...

Harry Potter 5, 6 et 7 : quand David Yates débarque

A partir de là, et ce jusqu'à aujourd'hui, c'est David Yates le grand manitou de la saga Harry Potter. Il débarque sur le cinquième épisode : L'ordre du Phoenix et ne lâchera plus la franchise. Une entrée en matière efficace, qui permet à David Yates de convaincre la Warner de rester derrière la caméra. C'est à partir d'ici qu'Harry Potter sera une saga visuellement éblouissante. David Yates maîtrise parfaitement les effets spéciaux et magnifie totalement les confrontations. C'est également l’annonciateur d'un univers plus large. Les héros quittent enfin Poudlard pour de bon et sont les architectes d'un univers beaucoup plus vaste. Le long-métrage est également plus sombre et donne d'avantage de place aux ennemis. Voldemort bien sûr mais surtout Helena Bonham Carter qui incarne une Bellatrix Lestrange totalement hystérique.

David Yates continue son ascension avec Harry Potter et le prince de sang-mêlé, qui doit certainement être l'épisode le plus ennuyeux de la saga. Le cinéaste opte pour un rythme lent qu'il utilisera avec beaucoup plus de charme dans la première partie de sa conclusion. Car ce n'est pas tant le rythme le problème, mais la manière dont il l'utilise. Le Prince de sang-mêlé a de quoi ennuyer avec ses amours d'adolescents qui prennent beaucoup trop de place. Avec un manque cruel d'action, le spectateur a la sensation de voir un film de remplissage, pour patienter jusqu'au prochain opus. Un film composé de flashs back maladroits et qui manque d'enjeux. Reste un univers encore passionnant et une espèce de pression latente qui plane sur le long-métrage en attente de la grande conclusion de plus de 10 ans de films.

En 2010 et 2011 voici enfin la conclusion tant attendue. Mais en deux partie s'il vous plaît. Les Reliques de la Mort partie 1 est un film totalement inattendu. Tandis qu'on nous tease Voldemort depuis neuf ans, David Yates décide de prendre le contre-pied total. Pas de grosses bastons, simplement les tribulations de trois amis aux portes de la guerre. Cet opus est un film de contemplation, d'attente, d'observation. Le scénario décide d'aller dans l’intimité de ses personnages, de faire évoluer leurs relations avant une confrontation inévitable qui pourrait leur coûter la mort. L'approche de David Yates est très intelligente et permet à la saga de prendre encore un nouveau visage. Le cinéaste prépare le terrain pour la conclusion finale avec beaucoup de finesse, et à la différence du précédent opus, parvient à imposer un rythme lent et intimiste sans pour autant perdre son spectateur.

Enfin, après dix années en dents de scie, la conclusion, la vraie, est enfin là. Si la première partie est splendide, mettant à genoux les sorciers et Poudlard devant les forces du mal, le dernier acte est moins convaincant. C'est dommage, parce que ces visions de dévastations, pessimistes, et du méchant qui l'emporte sur les gentils sont splendides. L'attente dans Poudlard que le bouclier de protection s'effondre, avec l'armée du mal aux portes de l'école, demeure passionnante. C'est cette vision de domination du mal sur le bien qui séduit forcément. Ce côté un peu sadique de voir les gentils s'écrouler face au charisme du grand antagoniste est un jeu cruel mais pour autant très excitant qu'Hollywood devrait mettre plus souvent en place. Pour autant, la deuxième partie est bancale et n'offre pas le final tant attendu. Tout y est brouillon, notamment la place des personnages. Quant aux confrontations, elles manquent cruellement de panache et d'inventivité visuelle.

Mais les opus de David Yates ont largement convaincu la presse et les fans. Les spectateurs sont pour la grande majorité totalement séduits par une conclusion qui a tenu le tempo. Entre attente pour faire grimper l'excitation et lourdes révélations, la saga Harry Potter a su exister dans le temps, perdurer et relancer constamment la hype autour de ses films. Contrairement à d'autres sagas, grandes ou petites, qui finissent dans l'oublie ou dans le dégoût : Hunger Games, Pirates des Caraïbes, Divergente, etc... Harry Potter a su suffisamment se renouveler au cour du temps pour garder l'intérêt du public. C'est cette force que la franchise a su exploiter. Les romans de JK Rowling sont donc devenus des œuvres cinématographiques majeures dans l'histoire de la pop culture, également grâce à une constante cinématographique. Parce que même si on chipote un peu (faut bien dire un peu de mal) l'influence de Harry Potter sur la génération 90' est monumentale. Warner Bros le sait bien, et c'est aussi pour ça que la franchise continue actuellement avec Les Animaux Fantastiques, pour tenter de séduire une nouvelle génération, tout en gardant la fan-base.

Les Animaux Fantastiques : la petite cerise sur le gâteau

Cinq ans après la conclusion de la saga, David Yates est toujours aux commandes avec ce prequel : Les Animaux Fantastiques. Exit Harry et ses potes, maintenant c'est Norbert Dragonneau qui mène la danse, incarné par un Eddie Redmayne, très juste. Il nous fait rapidement oublier l'air Harry Potter pour entrer dans quelque chose de nouveau et de rafraîchissant. Les Animaux Fantastiques est parvenu à séduire aussi bien les aficionados de la saga comme les néophytes grâce à un univers plus large, et plus fourni en créatures extravagantes et inventives. Le film de David Yates est une bouchée de fraîcheur grâce à un renouveau à la fois dépaysant et fidèle à l'univers magique de la saga originelle. On vous en parle d'ailleurs plus en détail ici.