#LesFilmsDeLaHonte : Freddy contre Jason, tous les coups sont permis

#LesFilmsDeLaHonte : Freddy contre Jason, tous les coups sont permis

Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous partagent un de leurs pires films préférés. Aujourd’hui c’est aux fans de cinéma d’horreur qu’on s’adresse en revenant sur le combat génialement débile entre Freddy Krueger et Jason Voorhees.

Dans les années 80, à l’heure où le cinéma d’horreur vit des heures réjouissantes, deux sagas débutent. D’un côté, l’emblématique Wes Craven invente le personnage de Freddy Krueger dans Les Griffes de la Nuit. De l’autre, Sean S Cunningham signe le seul coup d’éclat de sa carrière en donnant vie à Jason Voorhees dans Vendredi 13. Les deux Américains viennent d’inventer des monstres qui marqueront à jamais l’histoire du cinéma. Une vingtaine d’année plus tard, Hollywood a la fantasque idée de rassembler ces deux entités sous la caméra de Ronny Yu. Un fantasme pour tous les amoureux du genre.

Un point de départ malin

Pour que l’événement soit crédible, il fallait un pitch, une illumination qui allait permettre la réunification tant attendue. Et elle vint. Jugez-en par vous-même : Freddy n’est plus craint de personne. Les adolescents d’Elm Street ne sont plus tourmentés dans leurs cauchemars car les parents, d’un commun accord, les droguent en cachette. Mais ce diable de Freddy n’a pas dit son dernier mot. Il ressuscite Jason pour en faire son instrument. Sauf qu’un jour, Jason pique une victime à Freddy. Et là, c’est le drame. De coéquipiers forcés, ils passent à adversaires. Cet astucieux concept permet aux deux univers de fusionner.

Lorsque l’on regarde rétrospectivement les deux sagas (composées respectivement d’une dizaine de films), il y a souvent eu des idées totalement farfelues à la base des diverses suites. Dans L’Enfant de Freddy, Freddy veut revenir en se réincarnant en bébé. Dans Freddy Sort de la Nuit, Wes Craven s’essaye à l’horreur méta en se filmant tourner un nouvel opus de la saga - sauf que le croquemitaine va s’extraire de la (fausse) fiction.

Dans Un nouveau défis, une adolescente télékinesiste ramène Jason sur Terre en pensant ressusciter son père défunt. Dans Jason va en enfer, l’esprit de Jason prend possession d’un docteur afin de répandre la terreur. Et, pour terminer, l’idée la plus génialement débile de toute la saga Vendredi 13 : dans Jason X, l’immortel boogeyman est retrouvé cryogénisé dans l’espace. Réveillé lors de l’autopsie de son corps, il traque toutes les personnes présentes dans le vaisseau.

A croire que, durant des années, les deux sagas n’ont fait que se répondre dans la surenchère d’idées abracadabrantes. Dès lors, on attendait forcément de Freddy contre Jason qu’il continue de creuser ce sillon bas du front. Le contraire nous aurait forcément déçu !

Un film conscient de sa bêtise ?

Un point de départ malin, oui, mais un scénario totalement inexistant une fois les 10 premières minutes passées. Tout le reste n’est qu’un enchaînement de scènes sans aucun sens qui ont pour unique but de nous mener enfin à une confrontation directe entre les deux bad guy.

Heureusement pour nous, le film semble conscient de sa bêtise et en joue. On en veut pour preuve, ce « à votre avis abruti ? » balancé par une adolescente au flic qui lui demande si "tout va bien ?" alors qu’elle crie après avoir vu son ami se faire tuer. Les personnages sont idiots, certes, mais parce que les scénaristes en ont voulu ainsi.

Ils savent que le public a ingurgité des slashers pendant quasiment 30 ans, alors à quoi bon faire semblant de créer des personnages intéressants s’ils ne sont que du bétail envoyé à l'abattoir ? Une fois que l’on est conscient du second degré total, il ne nous reste plus qu’à savourer le massacre. On retiendra par exemple la scène où Jason débarque dans une rave party et dézingue des adolescents à tout va. Impossible de se priver du plaisir de voir un jeune se faire buter alors qu’il tente de riposter en envoyant des gobelets en plastique sur Jason, dans l’espoir de le repousser. Lorsqu’on a une idée aussi mauvaise, on ne mérite que la mort, c’est certain.

Entre Freddy et Jason, tous les coups sont permis !

Une fois la trame déroulée et quelques meurtres rigolos expédiés, on en vient enfin à l'affrontement tant attendu ! Amateurs de délicatesse, passez votre chemin, ici on met du gros métal en fond sonore et tous les coups sont permis. Prises de catch, projectiles, coups dans les parties intimes... Il n'y a pas de limite. Le film s'en donne à cœur joie en repoussant les possibilités. On ne peut que rire en voyant ces deux figures mythiques se mettrent sur le tronche sans jamais capituler ou mourir. Derrière chaque attaque on perçoit les scénaristes en train de se marrer comme des gamins jouant avec leurs figurines articulées. Ils deviennent la chair à canon qu'ils démembraient à tour de bras de leurs aventures respectives.

Parmi les mesquineries auxquelles on peut assister, notre préférence va au lancer de torpilles totalement WTF. Ou à ce moment iconique quand Freddy s'empare de la lame de Jason pour le planter. Du fight-porn totalement jouissif, qui ne se prend jamais au sérieux. Comme dans le catch, cet affrontement n'est que mise en scène, artifices, pirouettes. L'aspect cartoon ne désacralise en rien ces deux monstres mais participe à écrire leur légende. En amenant le robotique Jason sur le terrain onirique de Freddy, le film prouve qu'il a saisit toute la quintessence de l'univers créé par Wes Craven. Freddy n'est rien d'autre qu'un cancre contrarié, un bully au pull rayé qui s'exprime par l'outrance pour faire entendre sa voix. C'est pour cela qu'il ne faut pas trop le prendre au sérieux. Et son clin d'œil final adressé aux spectateurs prouve que tout ceci n'est qu'une immense blague.

A la semaine prochaine pour un nouveau « film de la Honte » !