120 battements par minute : comment Adèle Haenel et les acteurs ont préparé leur rôle

Un film coup de poing !

120 battements par minute : comment Adèle Haenel et les acteurs ont préparé leur rôle

Dès sa sortie en 2017, « 120 battements par minute » s'est démarqué par sa musique, son casting et son récit puissant. Réalisé par Robin Campillo, le film retrace les moments forts de l'association Act Up-Paris. Comment s'imprégner des militants de l'époque sans tomber dans l'autobiographie ?

120 battements par minute : l'effet coup de poing

Paris, début des années 1990. « Nous vivons le sida comme une guerre, une guerre invisible aux yeux des autres ». Dans la bande-annonce de 120 battements par minute, ces mots résonnent comme une révolte de la communauté gay face à l’indifférence collective. Alors que le sida fait des ravages depuis dix ans, les membres de l’association Act Up-Paris, majoritairement homosexuels et/ou séropositifs, enchaînent les actions coups de poing contre de grands groupes pharmaceutiques. Entre scènes militantes et dialogues intimistes, 120 battements par minute raconte toute une époque : les moments forts d'Act Up, la vie sans téléphone mobile ni internet, le sida et ses tabous.

Dès sa sortie, 120 battements par minute s’est démarqué avec un casting fort et éclectique. Aux côtés de l’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart, considéré comme la révélation du film, Adèle Haenel, Arnaud Valois, Antoine Reinartz, la chanteuse Aloïse Sauvage, et bien d’autres. Largement acclamé par la critique, 120 battements par minute a raflé de nombreux prix. Après le grand prix 2017 du Club Média Cinésix Prix Lumières, ainsi que le Grand Prix du Jury et la Queer Palm du Festival de Cannes, le film de Robin Campillo a remporté six César, dont celui du meilleur film et du meilleur scénario original.

Adèle Haenel, militante dans la peau

Sophie, le personnage interprété par Adèle Haenel dans 120 battements par minute, est une militante combattante, fortement engagée avec Act Up. Elle apparaît essentiellement dans des scènes de groupe et y est très marquante, surtout lors des fameux « zaps », ces actions spectaculaires organisées en public. Même si c'était bien avant son coup de gueule des Césars 2020, on y voit tout à fait Adèle Haenel. L'actrice a d'ailleurs confié à French Mania avoir accepté le rôle pour sa dimension politique. Pour elle, c'était la volonté du réalisateur : impliquer des acteurs qui sont eux-mêmes militants, d'une façon ou d'une autre.

120 battements par minute
120 battements par minute ©France 3 Cinéma / Memento Films Production

Toutefois, pour se plonger dans l’époque et s'imprégner des membres de l'époque, les acteurs de 120 battements par minute ont réalisé un vrai travail d’étude. D'abord grâce au réalisateur Robin Campillo, qui a donné à chaque acteur le livre Act Up : Une histoire, écrit par Didier Lestrade, un des co-fondateurs de l’association. Adèle Haenel a aussi confié au magazine TÊTU avoir beaucoup regardé des images d’archives de l'INA pour s’emparer de la dimension physique des membres d'Act Up de l’époque.

Robin Campillo a rejoint l'association Act Up en 1992. Il lui a fallu plus de 20 ans pour se lancer dans un projet cinématographique retraçant les moments forts de l'asso. Pour ce faire, il a travaillé étroitement avec Philippe Mangeot, président d'Act Up de 1997 à 1999, pour l'écriture du scénario. Mais le réalisateur tient à préciser que même s'il est inspiré de sa propre expérience, 120 battements pas minute n'est pas un film autobiographique.

La musique house : l’identité de 120 battements par minute

Tout est dans le titre. 120 battements par minute (124 pour être bien précis), c’est le tempo de la house musique. Robin Campillo voulait rendre hommage à ce style musical, véritable bande-son des nuits parisiennes des années 1990. Un style qu’il a d’ailleurs décrit plusieurs fois comme festif et inquiet, tout comme l’état d’esprit de la communauté gay à l’époque.

Et cet hommage ne se réduit pas qu’au titre. En effet, signée Arnaud Rebotini, véritable figure de la musique électronique française, la BO de 120 battements par minute est une ode à la house musique. Des compositions originales plongent le spectateur dans une ambiance tantôt dansante, tantôt crispante. Il faut dire que ce n’est pas la première fois que le compositeur de musique électronique crée pour le cinéma, ni qu’il s’allie à Robin Campillo d’ailleurs. Arnaud Rebotini avait composé l’entière BO du film Eastern Boys, sorti en 2013.

Seule exception dans le registre musical de 120 battements par minute : Smalltown Boy du groupe Bronski Beat. Robin Campillo tenait à entendre ce tube des années 1980, remixé par Arnaud Rebotini pour le film, en souvenir d’un concert marquant.