Netflix a mis en ligne un nouveau thriller érotique avec "Au plaisir de se faire trahir" qui, par ses scènes de sexe, qui sont l'argument de vente premier, s'apparente tristement à "365 jours".
L'après 365 jours
C'est en pleine pandémie de Covid que Netflix avait sorti 365 jours, film érotique polonais (mais en langue anglaise) façon Cinquante nuances de Grey en plus hard. Ce n'était alors pas pour ses qualités (il n'en a pas) que le long-métrage était devenu un phénomène, mais bien pour ses scènes de sexe plus proche de l'industrie pornographique que du cinéma traditionnel.
À cela s'était ajouté une polémique puisque 365 jours met en scène une jeune femme kidnappée par un mafieux qui souhaite qu'elle tombe amoureuse de lui. Étant donné la plastique avantageuse du garçon et sa richesse (on le voit dans une villa, sur un yacht, etc.), la jeune femme, en plus d'être très portée sur le sexe, finit par se laisser séduire. Moralement plus que limite, et une pétition avait alors demandé le retrait du film sur Netflix. Sans succès, mais à la place deux suites ont vu le jour.
Ayant trouvé un bon filon, Netflix a continué de proposer durant les années qui ont suivi des films à teneur érotique et aux qualités minimes. Pour autant, avant l'arrivée ce 25 octobre 2023 d'Au plaisir de se faire trahir, on n'avait pas vu autant de similitudes avec 365 jours dans une production de la plateforme de streaming. Évidemment pour le pire, et pas le meilleur.
Les tendances érotiques de Netflix
Dans le genre romance érotique, il y a bien eu À travers ma fenêtre, plus proche de la saga After et probablement le film qui s'en sort le mieux dans ce genre. Il en va de même avec les séries Sex/Life, Un œil indiscret ou encore Obsessions. Car dans toutes ces productions, même si le sexe est mis en avant, il en demeure plus honnête et satisfaisant que dans 365 jours et Au plaisir de se faire trahir.
Dans le thriller érotique brésilien, il est cette fois question d'une femme (Babi) qui, la veille de son mariage, découvre que son fiancé l'a trompée pendant des années. Suite à cette trahison, elle se rapproche d'un juge (Marco), rencontré suite à une enquête visant la société de son ex-compagnon. Le coup de foudre est alors immédiat et ils ne tardent pas à s'envoyer en l'air dans toutes les positions et toutes les pièces de la maison de Marco.
Contrairement à 365 jours, il n'y a ici rien à redire sur l'aspect moral. On retrouve tout de même des points communs avec, encore, un brun ténébreux au passé trouble, une pseudo-enquête avec des révélations attendues, des dialogues risibles tels que "Si tu veux gâcher ta salive, fais-le autrement", et bien sûr des scènes de sexe qui ne font pas dans la pudeur.
Au plaisir de se faire trahir : le niveau zéro des scènes de sexe
Poitrine entièrement dénudée, fesses musclées du bellâtre, tout est là pour aguicher le public. Au plaisir de se faire trahir est à l'évidence loin des scènes de sexe soft de beaucoup de productions américaines, où le couple parvient toujours à parfaitement cacher la moindre nudité par un drap. On n'est, par contre, pas non plus proche d'un cinéma européen, même français, plus réaliste et qui n'a pas peur de montrer le sexe de manière crue sans rien cacher. On pense par exemple à La Vie d'Adèle ou Love.
Enfin, les scènes de sexe d'Au plaisir de se faire trahir ne rentrent pas non plus dans la catégorie de films érotiques avant tout cinématographiques comme Basic Instinct. Car qu'on se le dise, le film Netflix n'aborde pas une esthétique de cinéma, mais plutôt de téléfilm érotique, auquel s'ajoute une imagerie de clip et de contenus Instagram. Et avec (comme dans 365 jours) une musique qui prédomine et qui dirige en quelque sorte le montage.
Il est alors "amusant" de remarquer que, dans ces scènes de sexe, on n'entend jamais les protagonistes et on ne suit alors pas l'évolution du rapport. Et en montant les séquences au rythme musical, ce qui est montré est inévitablement déceptif. Difficile de s'y intéresser, d'y trouver une certaine forme d'excitation pour le spectateur. Et l'accumulation finit par lasser. Aussi, car d'un point de vue de l'histoire, ces scènes, leur façon d'être filmées et ce qu'elles montrent, n'apportent rien.
Une nudité qui ne fait rien
En témoigne ce passage où Babi se rend chez Marco pour la première fois. D'abord "malin", le montage les montre dans différentes positions et différentes pièces en entrecoupant cela par plusieurs arrivées de Babi. On comprend que les jours passent et que le couple continue de vivre une passion torride. Cohérent, jusqu'à la dernière étape qui voit Marco bander les yeux de Babi. Le rythme ralenti, un peu d'huile pour masser la poitrine de sa dulcinée, et les voilà repartis de plus belle. Un passage qui aurait pu arriver 20 minutes plus tôt, ou 20 minutes plus tard, l'effet aurait été le même.
Dès lors, les scènes de sexe sont interchangeables, pourraient s'étirer ou être raccourcies sans que cela ne change rien, et encore une fois n'ont rien d'attirant, car elles sont désincarnées à tous les niveaux. C'est au fond tout le paradoxe de 365 jours et Au plaisir de se faire trahir. N'ayant rien d'intéressant à proposer au niveau du scénario et des "scènes habillées", ils se vendent sur la promesse d'être sulfureux. Mais au final, ces films auront beau déshabiller entièrement leurs acteurs et leurs actrices, ils ne font plus rien ressentir. Ou pour la faire simple, pas de quoi bander devant Netflix.