Très attendue, la sélection des films en compétition de la 71e édition du Festival de Cannes a été dévoilée. Mais la conférence de presse tenue ce jeudi 12 avril était également l'occasion de revenir sur des changements importants pour cette année.
La 71e édition du Festival de Cannes a dévoilé ce matin les noms de celles et ceux dont les films seront mis à l'honneur. Mais ce fut également l'occasion pour Thierry Frémaux, délégué général du festival, et Pierre Lescure, président du festival, de revenir sur les différents points gravitants autour du festival. Le manque de femmes, l'interdiction des selfies, ou encore la grande absence de Netflix, beaucoup de sujets externes au cinéma en lui-même mais bien interne au festival ont été abordés. De quoi revenir en amont sur des questions qui seront, sans aucun doute, au cœur du festival qui aura lieu du 8 au 19 mai prochain.
Où sont les femmes ?
« Time's Up » a déclaré une journaliste américaine durant la traditionnelle partie de « questions/réponses » après l'annonce de la sélection officielle. Si Thierry Frémaux, un peu gêné, a cherché ses mots, la journaliste a relevée avec beaucoup de justesse le manque de femmes au sein de la compétition officielle. Sur les 44 films annoncés, seulement trois ont été réalisés par des femmes. À l'heure où le monde est en plein changement et ne sera « plus jamais comme avant » comme l'a bien souligné le délégué général du festival, quand est-il vraiment de la place des femmes au cœur du cinéma ?
Le Festival de Cannes ne semble pas vouloir faire de la « discrimination positive » comme l'a fait remarquer Thierry Frémaux qui assure que les films sont traités pour ce qu'ils sont et non par qui ils ont été faits, homme ou femme. Une réponse peu engagée qui a certainement dû laisser la journaliste, et beaucoup d'autres, sur sa faim. Cependant Frémaux a déclaré, au nom de tout le Festival, qu'il désirait laisser la parole à « celles et ceux dont c'est le combat quotidien » en assurant que des prises de paroles sur le sujet seront organisées. Il a souligné le fait que la sublime affiche de cette édition a été choisie en conséquent « pour rappeler que le cinéma, comme la vie, c'est avant tout de l'amour ». Une belle manière d'esquiver le vrai sujet et de laisser le suspense quant aux vrais engagements du festival que grands nombres attendent.
Not chill for Netflix
Parmi les questions récurrentes, outre la question du manque de diversité, se trouvaient celles sur Netflix. La plateforme américaine de streaming avait déchaîné la presse l'année dernière, lors du 70e Festival de Cannes. Celle qui avait présenté deux de ses films (Okja réalisé par Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach) est la grande absente cette année. Les raisons et les tords de chaque partie semblent assez partagées. Selon la politique du Festival, tous les films en compétition doivent sortir en salle. Une philosophie différente de la plateforme américaine qui n'a pas souhaité présenter The Other Side of Wind, le film inachevé d'Orson Welles qui, grâce aux financements, majoritairement donné par Netflix, est enfin terminé. Thierry Frémaux a souligné le fait que « la place de ce film était à Cannes » puis, comme pour enterrer la hache de guerre, a déclaré « ce sont des gens (parlant de Netflix) qui aiment le cinéma » repris par son bras droit, Pierre Lescure qui affirme :
On a ce regret parce que c'était un beau geste de cinéma.
Des révélations plutôt apaisées qui pourraient amener à trouver un terrain d'entente entre les deux parties.
Sapé comme jamais mais interdit de selfie
Maître Gims semble, en plus d'avoir marqué les charts français, marqué Pierre Lescure, qui a cité sa célèbre chanson lors d'une question concernant l'interdiction des selfies sur le tapis rouge. Jugeant cette pratique « irrespectueuse », le président bien remonté et arrêté sur la question, a voulu mettre les points sur les i une bonne fois pour toute.
Il y a énormément de gens qui ne pourront pas avoir accès à la salle, qui suivent tout ça à la télévision ou sur les réseaux sociaux, et ils ne suivent pas le tapis rouge pour voir des anonymes se prendre en photo.
Pour justifier cette interdiction, les deux hommes ont souligné le fait que les selfies avait créés, ces dernières années, beaucoup de pagaille sur le red carpet. Problèmes de montées des marches, d'irrespects pour les artistes et parfois mêmes de chutes, les deux hommes sont revenus sur ce qui semble être pour eux, un fléau de la société qui n'est pas en adéquation avec « l'élégance, le désir et le secret » que Cannes implique. Les festivaliers seront d'abord avertis de cette interdiction et sanctionnés de projection s'ils osent la contourner.
La sélection officielle
Mais le festival étant avant tout un événement cinématographique unique, mis en place pour partager la passion du 7e art, place à la sélection officielle où en tout cas place aux noms des premiers films annoncés, en lice pour la prestigieuse Palme d'Or.
Everybody Knows, d'Asghar Farhadi (film d'ouverture)
Yomeddine, de A.B Shawky
Leto (L’été), de Kirill Serebrennikov
Lazzaro Felice, d’Alice Rohrwacher
Zimna wojna (Guerre froide), de Pawel Pawlikowski
Three faces, de Jafar Panahi
Under the silver lake, de David Robert Mitchell
Blackkklansman, de Spike Lee
Burning, de Lee Chang-Dong
Capharnaüm, de Nadine Labaki
Shoplifters, de Kore-Eda Hirokazu
Ash is purest white, de Jia Zhang-Ke
Les filles du soleil, de Eva Husson
Plaire aimer et courir vite, de Christophe Honoré
Netemo sametemo, de Ryusuke Hamaguchi
Le livre d’image, de Jean-Luc Godard
Dogman, de Matteo Garrone
En guerre, de Stéphane Brizé