Grégory Gadebois (Maria rêve) : "C'est génial de jouer avec Karin Viard !"

Grégory Gadebois (Maria rêve) : "C'est génial de jouer avec Karin Viard !"

Pour la sortie de la comédie dramatique "Maria rêve", nous avons rencontré Grégory Gadebois. L'occasion pour le comédien d'évoquer le personnage extrêmement attachant qu'il incarne, sa collaboration avec Karin Viard ou encore son incapacité à dire non à certains cinéastes.

Maria rêve : rencontres aux Beaux-Arts

Réalisateurs de cinq courts-métrages, les acteurs Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller s'essaient à un format plus long avec Maria rêve. Une comédie dramatique dans laquelle Karin Viard incarne le rôle-titre, celui d'une femme de ménage à la recherche d'un nouvel emploi après la mort de son employeuse. Elle décroche rapidement un poste aux Beaux-Arts de Paris, où elle fait la connaissance d'Hubert (Grégory Gadebois), gardien des lieux qui a passé la majeure partie de sa vie dans les couloirs de la prestigieuse école.

Elle s'attache très vite à cet homme lumineux qui adore se déhancher sur les standards d'Elvis Presley, mais aussi à Naomie (Noée Abita), une étudiante lunaire qui la sollicite pour ses projets. Ces deux individus vont bouleverser sa vie et lui faire découvrir une nouvelle vision de l'amour, de son corps, de l'art et du sexe.

Maria rêve
Maria (Karin Viard) - Maria rêve ©UGC Distribution

Posant toujours un regard tendre sur ses protagonistes, Maria rêve est porté par trois formidables acteurs. Lors de la huitième édition du Festival de La Baule en juillet dernier, nous avions rencontré Grégory Gadebois. L'occasion pour le comédien de se confier sur son personnage particulièrement attachant, sur la relation complice qu'il a développée avec certains cinéastes et sur le plaisir de jouer avec Karin Viard.

Rencontre avec Grégory Gadebois

Vous retrouvez les réalisateurs Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller après le court-métrage Pile poil. Dans les remerciements du générique, on peut lire qu'ils vous considèrent comme leur muse. Est-ce que vous pouvez nous parler de votre rencontre et de votre collaboration ?

C'est Lauriane qui m'avait appelé, ou envoyé un message, je ne sais plus. Mais du coup on s'était appelés, j'avais bien aimé. On s'était rencontrés et j'avais bien aimé le scénario de Pile poil. Des fois, je ne sais pas dire pourquoi c'est bien mais quand on rencontre les gens, on se dit que ça va être chouette. Lauriane et Yvonnick, ça m'a fait ça. Il y a quelque chose de simple. On était d'accord sur le personnage. Voilà, ça s'est fait assez simplement.

Et qu'est-ce qui vous a plu, après Pile poil, dans le scénario de Maria rêve ?

Eux. Avant tout, c'était de retravailler avec eux. Le scénario, comme c'est eux qui l'ont écrit et que je les aime bien, il n'y avait pas trop de chances que ça ne me plaise pas. Et puis même, un scénario qu'on n'aimerait pas de gens qu'on aime bien, on a un peu tort de ne pas l'aimer. (Rires)

Maria rêve
Hubert (Grégory Gadebois) - Maria rêve ©UGC Distribution

C'est donc la deuxième fois que vous travaillez avec Lauriane et Yvonnick. Vous avez tourné aussi deux fois avec Michel Hazanavicius, trois fois avec Anne Fontaine. Un réalisateur peut réussir à vous convaincre d'accepter n'importe quel rôle ?

Ah oui, je pense. Oui oui. Anne Fontaine, j'aime beaucoup travailler avec elle, je ne me pose pas la question. Je lirai le scénario parce qu'il faut le lire pour travailler. Michel c'est pareil, je n'envisage pas de lui dire non, c'est tellement génial de travailler avec lui. J'aime bien l'idée un peu de famille. C'est peut-être prétentieux de ma part de dire ça. Mais d'être accepté dans une équipe et d'y revenir, il y a quelque chose que j'aime bien là-dedans.

Le personnage d'Hubert, très attachant au même titre que Maria, c'est un personnage qui vous plaît ?

Oui. C'est quelqu'un qui est plutôt du milieu ouvrier, enfin du milieu populaire, qui travaille dans un milieu un peu artistique. J'aime bien ces mélanges-là. Ouais, il me plaît beaucoup ce personnage. Et puis c'est un personnage positif, qui voit toujours la bouteille à moitié pleine. C'est des gens, souvent, j'en connais des comme ça, qu'on est content de croiser. On est un peu déprimé, on croise quelqu'un comme ça et ça va mieux. On ne sait pas pourquoi, mais ça va mieux.

Vous donnez l'impression que personne d'autre que vous ne pourrait incarner vos personnages...

Je ne saurais pas dire pourquoi. Je sais que j'aime bien que ce soit écrit, je n'aime pas rajouter des mots. Souvent ça part de l'écriture et du metteur en scène. Même s'il ne dirige pas sur le plateau de manière précise ou que ce ne sont pas des choses qui sont dites, ce sont des choses sous-jacentes qui coulent de source quand on s'intéresse au personnage, quand on suit son parcours et qu'on essaie de le dessiner. Il a des couleurs qu'il faut mettre à des endroits, et ça vient du texte surtout.

Maria rêve
Maria (Karin Viard) - Maria rêve ©UGC Distribution

Vous n'êtes pas du tout féru d'improvisation ?

(Il tousse) Ça m'étouffe ! (Rires) Non non, je n'aime pas du tout ça. Moi j'en suis incapable. Le texte, c'est la responsabilité de l'auteur et je ne vois pas pourquoi j'irais ajouter des mots là-dedans, qui seraient moins bons que ce qu'il a écrit. Et puis si je rajoute des mots, je vais vouloir ajouter des mots qui sont de mon univers. Un personnage, l'auteur le fait parler d'une certaine manière. On ne va pas changer ça. Alors parfois, d'un commun accord, on se rend compte que telle phrase ne va plus, mais ça se fait ensemble. Et ça coule de source de la changer.

Comment est-ce que vous préparez un personnage comme celui d'Hubert. Vous dites que vous connaissez des personnes qui lui ressemblent. Vous vous en inspirez ?

Plus on vieillit, plus on a rencontré de gens. Donc on a toujours quelqu'un en tête, oui. De toute façon, je crois qu'un personnage, c'est toujours soit ce qu'on est vraiment, soit ce qu'on rêverait d'être, soit ce qu'on détesterait être. Mais ça part toujours de nous, de notre regard. Donc c'est toujours un peu à un endroit personnel.

C'est la première fois que vous tournez avec Karin Viard. Comment s'est passée votre collaboration ?

C'était super ! J'étais très content de la rencontrer et de travailler avec elle. J'ai beaucoup d'admiration pour elle. Et c'est génial de jouer avec elle ! On prévoit des trucs quand on joue, on se dit "Tiens je vais faire ça..." Des trucs sur nous, pas sur l'autre. Et puis finalement, quand elle est là et qu'elle nous parle, on se dit "Oh en fait non". Il suffit de lui parler et ça va tout seul.

Maria rêve
Maria rêve ©UGC Distribution

Les Beaux-Arts, cette école mythique, devient quasiment un personnage dans le film.

Exactement. C'était super de tourner là-bas. Déjà, moi ce que j'adore quand on fait nos métiers, c'est qu'il y a écrit "Interdit au public" et nous, on est obligés d'entrer par cette porte. (Rires) C'est génial d'avoir accès à un endroit où personne ne va. Il faut être élève aux Beaux-Arts ou prof pour y aller. Et nous on fait du cinéma alors on a le droit de rentrer, d'aller dans tous les endroits, de se balader. C'est génial ! Cette école, c'est un personnage en lui-même. Je trouve ça génial de faire un objet artistique dans une école d'art.

 Vous tournez énormément, vous en êtes à 90 projets, que ce soit au cinéma ou à la télévision...

Ah oui ? Aaah, J'ai de la bouteille comme on dit. (Rires)

Il y a des films qui vous tiennent plus à coeur que d'autres ?

Oui et non. Le film le plus important, c'est toujours celui qu'on est en train de faire. (Rires) Mais j'ai un avant et un après François Dupeyron (réalisateur de Mon âme par toi guérie, ndlr). J'ai pas vu le film, je ne les vois pas les films. Ça me rend malade. Mais François m'a marqué. Anne Fontaine, je me dis : "Quand est-ce qu'on va retourner ensemble ?" Il y a des choses comme ça...

Dès vos débuts au théâtre, il y a eu des envies de cinéma ?

Moi j'étais curieux. Toujours. Un an avant de rentrer au Conservatoire à Paris, je travaillais, il n'était pas du tout question que je fasse ça. Donc ça a été très vite. Dès que j'ai mis le pied dans cet univers, ça m'a plu tout de suite. La bulle, parce que c'est une bulle dans laquelle on est, je trouve qu'elle est formidable. On est un peu privilégiés, il faut en avoir conscience. (Rires)