Le Croque-mitaine : que vaut le film d'horreur adapté de Stephen King ?

Le Croque-mitaine : que vaut le film d'horreur adapté de Stephen King ?

Rob Savage adapte une célèbre nouvelle de Stephen King avec "Le Croque-mitaine". Un long-métrage classique qui reprend de nombreux éléments bien connus du cinéma d'horreur, mais qui parvient à tirer son épingle du jeu grâce à la présence de Sophie Thatcher.

Le Croque-mitaine : le monstre sort du placard

L'introduction glaçante du film d'horreur Le Croque-mitaine reprend la base de la nouvelle éponyme de Stephen King, d'abord publiée dans le magazine Cavalier en 1973, puis dans le recueil Danse macabre. Traumatisé, Lester Billings (David Dastmalchian) se rend dans le bureau du psychiatre Will Harper (Chris Messina) pour lui raconter son calvaire. Il lui révèle qu'avant de mourir dans de mystérieuses et horribles circonstances, ses enfants lui parlaient continuellement de la présence du croque-mitaine chez eux, qui les terrorisait. Une menace que Lester n'a jamais prise au sérieux, jusqu'aux drames.

Le Croque-mitaine
Le Croque-mitaine ©20th Century Studios

Une ouverture extrêmement efficace, qui joue d'emblée avec le folklore du monstre dissimulé dans un placard ou sous un lit, responsable du moindre craquement du parquet ou de l'ouverture suspecte d'une porte. Lester et ses enfants ont-ils fantasmé son existence ? Le père a-t-il sombré dans la folie après les avoir tués ? Dès les premières minutes, Le Croque-mitaine interroge mais ne laisse pas beaucoup de place au doute, convoquant immédiatement l'imaginaire du spectateur pour le convaincre d'une pensée qu'il a abandonnée en grandissant : le croque-mitaine a toujours existé et n'a cessé de se nourrir de l'âme des plus jeunes.

La révélation Sophie Thatcher

Le long-métrage de Rob Savage (HostDashcam) s'éloigne ensuite de la nouvelle pour se concentrer sur Will Harper et surtout ses deux filles, Sawyer (Vivien Lyra Blair) et Sadie (Sophie Thatcher). L'occasion pour le réalisateur de construire une relation touchante entre deux soeurs, la seconde veillant sur la première après la mort de leur mère. Parfaite dans le rôle de Sadie, adolescente tourmentée et tenant bon face à l'incompréhension et aux moqueries de ses camarades ainsi qu'à l'incapacité de communiquer de son père, Sophie Thatcher confirme qu'elle une excellente actrice à suivre de près après la série Yellowjackets.

Le Croque-mitaine ne s'écarte pas de sentiers balisés. Son cadre pavillonnaire est l'un des plus célèbres du genre horrifique aux États-Unis, exploré par John Carpenter (Halloween), Tobe Hooper (Poltergesit) ou Wes Craven (Les Griffes de la nuitLe Sous-sol de la peur), pour ne citer qu'eux. Sa créature adopte un design évoquant celui de monstres récents, dont ceux de Sans un bruit, et s'avère donc forcément décevante, même si Rob Savage la dévoile intelligemment, prenant le temps et jouant constamment avec l'obscurité. Par ailleurs, la figure de l'adolescent incompris est un archétype récurrent, dont Sydney Prescott (Scream), Charley Brewster (Vampire... vous avez dit vampire ?) et le Club des ratés (Ça) figurent parmi les plus célèbres exemples. Enfin, et la déception principale du film vient de là, les effets de surprise sont la plupart du temps des jumpscare, qui pointent les limites de la scène même s'ils fonctionnent.

Le Croque-mitaine
Le Croque-mitaine ©20th Century Studios

Dans ce paysage extrêmement classique et dénué de singularité, le long-métrage a le mérite d'adopter le point de vue de son héroïne endeuillée. Le spectateur suit avec attention l'enquête de Sadie, qui se lance à la poursuite du croque-mitaine avant tout parce qu'elle ne doute pas de sa petite soeur, ce qui la rend profondément attachante. Ses recherches provoquent des scènes très réussies, à commencer par celle où elle se rend dans la maison particulièrement glauque de Lester pour tenter d'en apprendre plus sur le monstre.

Stephen King a apprécié le film

Le Croque-mitaine est donc bien loin des désastres que représentent le récent FirestarterCell Phone ou encore Dreamcatcher, à ranger parmi les pires adaptations de Stephen King. L'auteur a apparemment apprécié le long-métrage de Rob Savage, comme l'a expliqué le réalisateur à Total Film :

Après les bons retours des projections test, nous nous sommes dit qu'il était temps d'avoir son avis, donc nous avons loué son cinéma préféré dans le Maine. (...) Si nous avions foutu en l'air son histoire, il nous l'aurait dit. Mais il a envoyé un joli texte pour nous dire à quel point il a aimé le film. Le lendemain, je me réveille et j'ai un mail de Stephen King, qui me dit qu'il pense toujours au film. Il m'a dit d'autres belles choses et la plus belle était : "Ils seraient foutrement stupides de sortir ça en streaming et pas au cinéma".

Le Croque-Mitaine est à découvrir au cinéma dès le 31 mai 2023.