Oppenheimer : Christopher Nolan répond aux critiques sur l'absence d'images d'Hiroshima

Oppenheimer : Christopher Nolan répond aux critiques sur l'absence d'images d'Hiroshima

"Oppenheimer'" a fait l'objet de critiques concernant l'absence de représentation du point de vue japonais et des dégâts occasionnés par les deux explosions sur Hiroshima et Nagasaki. Christopher Nolan y a répondu.

Oppenheimer, un choix critiqué

Triomphe critique et performance hors normes au box-office mondial (945 millions de dollars de recettes), Oppenheimer est une démonstration de cinéma signée Christopher Nolan, au sommet de son art. Difficile d'y trouver des points faibles. Le film est en effet écrit avec soin, historiquement correct, et mis en scène avec la grande précision du réalisateur britannique.

Cependant, une critique précisément lui a été adressée de manière récurrente depuis la sortie du film. Il s'agit de l'absence du point de vue japonais, plus concrètement l'absence d'une représentation des explosions d'Hiroshima et de Nagasaki et des dégâts occasionnés.

Oppenheimer
Oppenheimer ©Universal Pictures

Une critique notamment formulée par le réalisateur Spike Lee, qui avait ainsi déclaré : "Si Oppenheimer dure trois heures, je pense qu’autant ajouter quelques minutes pour montrer ce qui est arrivé au peuple japonais. (...). J’aurais aimé que la fin du film montre les conséquences de ces deux bombes atomiques lâchées sur le Japon."

Effectivement, aucune image - d'archive ou originale - d'Oppenheimer ne montre directement les explosions atomiques. Pour évoquer l'explosion d'Hiroshima, Christopher Nolan a préféré montrer dans une séquence terrifiante toute l'horreur de l'événement depuis la conscience de J. Robert Oppenheimer. Celui-ci hallucine les visages du public qui le félicite fondre sous les effets de l'explosion atomique. Récemment interrogé sur ce choix de mise en scène, et donc de l'absence du point de vue japonais, Christopher Nolan a expliqué sa décision.

"Je voulais une histoire aussi subjective que possible"

Dans un entretien entre Christopher Nolan et l'historien Kai Bird, co-auteur avec Martin J. Sherwin de la biographie Robert Oppenheimer : Triomphe et tragédie d'un génie dont Oppenheimer est l'adaptation, Kai Bird a évoqué cette question de la représentation de l'explosion (à 36'00 dans la vidéo ci-dessous).

Christopher Nolan a ainsi expliqué :

Une fois que le test Trinity a été effectué, Oppenheimer était d'une certaine manière dans la même position que le reste de l'Amérique. Il a appris le bombardement d'Hiroshima à la radio. Quand Truman l'a annoncé. C'est un des éléments les plus remarquables que j'ai lu dans le livre, et une des choses qui m'ont poussé à raconter cette histoire de la manière la plus subjective possible.

Christopher Nolan détaille cet angle subjectif et donc exclusif d'autres points de vue. Il explique qu'il voulait "faire l'expérience de cette réalisation de ce qu'il avait créé, et que le public fasse aussi cette expérience." Du point de vue de la rigueur narrative de son biopic, Christopher Nolan souhaite donc faire comprendre qu'il n'y avait en réalité pas d'autre choix que de représenter aussi cet événement seulement "dans la tête" d'Oppenheimer.

Christopher Nolan termine en expliquant que, au montage, le choix de montrer et le choix de ne pas montrer ont la même importance. Il prend ainsi l'exemple du cinéma d'horreur, où le dosage entre représentation et suggestion est essentiel à la réussite de l'effet recherché. Ce n'était donc ni un oubli du point de vue japonais, ni un désintérêt pour celui-ci. Mais une décision dictée par l'écriture d'Oppenheimer et le choix d'appuyer cette narration subjective.